Coup de coeur musical, pour Nick Mulvey
Intemporelle et bouleversante, la chanson “Myela”, écrite par Nick Mulvey, est un témoignage précieux de la réalité des parcours migratoires. Sincère, documenté et débarrassé de tout fantasme, le morceau inspire à agir en faveur d’un accueil digne et inconditionnel des chercheur·euses de refuge. À découvrir…
En 2017, alors que je suis maire de Grande-Synthe, je suis invité sur le plateau de France Inter à participer à une émission dédiée aux migrations, aux côtés de la réalisatrice Agnès Varda, du photographe JR, de la journaliste Béatrice Vallaeys et d’autres, mais aussi, de Nick Mulvey. Je découvre ce musicien britannique, dont je n’oublierai ni la voix, ni les textes.
En 2023, alors que nous discutons du Pacte sur l’asile et les migrations au Parlement européen et que le projet de loi “immigration” de Gérald Darmanin est en discussion... Alors que l’extrême droite sévit partout en Europe et gangrène le débat public sur la question migratoire… L’art et la musique peuvent nous venir en aide. Je repense à la rencontre de Nick Mulvey, qui avait chanté sur le plateau de France Inter ce jour-là. Je repense à sa chanson Myela.
Extrait
God only knows the pain you feel to leave your country looking for a home
Dieu seul sait la douleur qu’ils et elles ressentent en quittant leur pays à la recherche d'un chez-eux
But they'd rather die once in the sea than dying everyday a little more
Mais ils et elles préfèrent mourir une fois dans la mer plutôt que de mourir chaque jour un peu plus
Myela : la musique pour raconter les migrations
En France et en Europe, le récit collectif autour des migrations s’est construit autour des “crises”, parfois considéré comme un “problème public”. Rappelons-le : les migrations sont, avant tout, des mouvements humains. Nous parlons de vies humaines. Traitées comme un enjeu économique, un enjeu sécuritaire, les migrations représentent donc en premier lieu un enjeu humain. Un enjeu d’accueil. Un enjeu de solidarité et d’entraide avec celles et ceux qui n’ont jamais rêvé de quitter “chez eux”.
Pour humaniser le débat et l’incarner, Nick Mulvey s’est appuyé sur des témoignages de chercheur·euses de refuge disponibles en ligne. Il a voulu reprendre leurs mots, leurs histoires, pour proposer une représentation de leurs réalités et de leurs parcours migratoires qui soit sincère, juste, humaine. Pas moins douloureuse. Mais une représentation fidèle à leurs vécus, et non teintée des fantasmes que l’extrême droite essaie de leur apposer.
Les premières notes de Myela résonnent, et on se laisse emporter. On rencontre le récit de Sonda Jane, une soudanaise de 21 ans, enceinte de 4 mois, arrivée seule à Lampedusa. On entend le désarroi dans la voix du chanteur, qui demande à ce qu’on le “sauve de son égoïsme et son indifférence à l’égard de son voisin” (”Oh, help me in my hopelessness and free me from the cage of civilization - Save me from my selfishness and my indifference to my neighbor”).
Nick Mulvey nous met face à une réalité, celle de toutes celles et ceux qui quittent leur pays et leur maison, pour fuir la misère et les persécutions. Sa chanson nous incombe à trouver des solutions. La sienne est de raconter ces histoires, de les faire circuler, en travaillant avec des réfugié·es comme Majid Adin, réalisateur iranien qui a trouvé refuge au Royaume-Uni, qui signe le clip de Myela. C’est de créer des synergies, des collaborations, de montrer qu’avant une nationalité, l’expérience universelle d’être humains nous rassemble. Chaque vie humaine compte. Les vies des chercheur·euses de refuge comptent. Leurs histoires comptent. Les raconter aussi. Myela en est une parfaite illustration. Bonne écoute !