24 novembre 2021 - 24 novembre 2023 : le deuil impossible du naufrage le plus meurtrier dans les eaux de la Manche
Hasti, 7 ans.
Mubin, 16 ans.
Hadia, 22 ans.
Trois enfants dont je continuerai de scander le nom et de raconter l’histoire.
Ces enfants ont perdu la vie il y a deux ans, jour pour jour, dans les eaux de la Manche. Ils n’étaient pas seuls. Leur mère, Kazhall Ahmad, était avec eux lorsqu'ils ont embarqué depuis les côtes dunkerquoises, en direction de l’Angleterre. Cette famille avait un rêve simple : celui de vivre. Le 24 novembre 2021, elle en est morte.
Périr en mer n’était pas leur destin. Il n’était pas non plus celui des 27 autres passager·es de la même embarcation, décédé·es lors de ce naufrage. Une trentaine de vies perdues, entre la France et l’Angleterre, terrible conséquence de la militarisation croissante des frontières. Un naufrage de plus qui s’ajoute aux nombreux déjà répertoriés sur cette cartographie (trop) régulièrement mise à jour.
Douze heures de détresse en mer et plusieurs appels à l’aide n’ont pas été suffisants pour que les secours britanniques et français soient déployés pour venir en aide à cette embarcation. Pire, le centre régional de sauvetage a répondu avec cynisme aux naufragé·es, en bafouant le droit international. Ce naufrage est le résultat de politiques violentes, injustes et inhumaines qui doivent être combattues. Sans relâche.
Quelques semaines après le naufrage, l’association humanitaire Utopia 56 porte plainte contre les autorités françaises, appuyée par des membres des familles endeuillées, pour “homicide involontaire” et “omission de porter secours”. Le gouvernement français promettait alors une enquête interne. Elle n’a jamais vu le jour. Telle fut la - non - réaction du gouvernement Castex au naufrage d’exilé·es le plus meurtrier qu’ont connu les eaux de la Manche. L’indécence est telle que le souvenir de ce naufrage du 24 novembre 2021 reste vif.
Deux ans après, qu’est-ce qui a changé ?
Les politiques migratoires ultra-sécuritaires et inhumaines s’enchaînent, les États refoulent illégalement les exilé·es et les privent de leurs droits et de leur humanité. Deux ans après, leur dignité continue d’être piétinée par des gouvernements toujours plus cyniques.
Du côté français
Le nouveau et dangereux projet de loi (PJL) “immigration et intégration” porté par le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, vient d’être adopté par le Sénat le 14 novembre dernier. 29ème texte sur l’asile et l’immigration depuis 1980, il sanctuarise le recul du droit d’asile en France et des atteintes sans précédent aux droits fondamentaux des exilé·es. Alors que nous avons besoin de politiques d’accueil solidaires et dignes, capables, enfin, de traiter avec respect celles et ceux qui cherchent refuge en Europe, la France manque à son devoir d’humanité. Encore une fois !
C’est désormais au tour des député·es de l’Assemblée nationale de se prononcer sur ce texte : l’examen est en cours.
Du côté européen
Comme vous vous en souvenez peut-être, un nouveau pacte sur l’asile et les migrations est actuellement en discussion. Il devrait être adopté avant les prochaines élections européennes qui ont lieu en juin prochain. Présenté en septembre 2020, cela fait plusieurs mois que je vous tiens régulièrement informé·es des avancées des négociations, puisque je défends la position de mon groupe politique, les Verts, sur l’un des textes du Pacte. C’est le règlement AMMR ou RAMM en Français (le règlement relatif à la gestion de l’asile et des migrations), qui prévoit de remplacer le règlement de Dublin.
Ce nouveau pacte était l’occasion d’adopter une politique migratoire digne et solidaire envers celles et ceux qui cherchent refuge. Au contraire, les négociations actuelles prennent une toute autre direction : consolidation de la forteresse Europe, privations de liberté, filtrage et “tri” aux frontières selon les nationalités, expulsions, maintien des exilé·es dans une extrême précarité. Ce pacte ne résout aucun des dysfonctionnements actuels du régime d’asile commun européen. Pire, il les exacerbe. Et c’est l’Union européenne toute entière qui piétine ses valeurs fondatrices et sabote le peu d’humanité qu’il lui restait.
Deux ans après…
À chaque naufrage, la colère se mêle à l’espoir. Celui que les autorités se saisissent de ces drames, pour enfin élaborer des politiques qui mettent l’humain au centre, adaptées aux réalités et à l’immuabilité des migrations. Mais face aux milliers de morts à nos frontières, c’est la dimension ultra-sécuritaire qui sort chaque fois renforcée au niveau national comme européen. Avec en ligne de mire les échéances électorales et leurs avenirs politiques, les instigateurs de ces politiques criminelles feignent d’ignorer que fuir les persécutions et la misère n’est pas un choix mais une question de survie. Personne ne quitte son pays et sa famille sans y être contraint par les tragédies de la vie. Je le rappellerai tant qu’il le faudra.
Halte à la criminalisation de la solidarité en mer !
Le naufrage du 24 novembre 2021 n’est qu’un cas parmi de nombreux autres comme l’illustre tristement cette cartographie. De la Manche à la Méditerranée, en passant par l'océan Atlantique (route des Canaries), les mers qui bordent l’Union européenne sont devenues de véritables fosses communes. Les Etats membres, eux, se contentent de se renvoyer la balle et la responsabilité à chaque naufrage. Le bilan de leur inaction est insupportable : 385 décès d’exilé·es en Manche depuis 1999, 2166 en Méditerranée depuis le 1er janvier 2023. Sur cette route migratoire, la plus meurtrière de toutes, 27 364 personnes sont mortes et portées disparues depuis 2014 selon l'organisation internationale des migrations (OIM).
Face à l’absence de volonté et de coordination des autorités européennes, les solidaires s’organisent pour porter secours aux exilé·es en détresse, à l’instar de SOS Méditerranée avec son navire, l’Ocean Viking, Médecins Sans Frontières avec le Geo Barents et tant d’autres. Le comble ? Alors qu’elles et ils pallient les manquements des Etats, ces volontaires se voient régulièrement criminalisé·es pour leurs actions ! Amendes, immobilisations des navires, détention : cette criminalisation de la solidarité est meurtrière. Sauver des vies n’est pas un crime. Priver les naufragé·es de secours, oui.
Le décret Piantedosi du 2 janvier 2023, du nom du Ministre de l'Intérieur italien à son origine, l’illustre parfaitement : suite à son application, les navires des ONG de recherche et secours en mer ont subi treize immobilisations en 2023. Privée de ces précieux effectifs de sauvetage, la Méditerranée centrale a connu son année la plus tragique. C’est insupportable !
L’Union européenne et ses États membres doivent organiser et financer une mission européenne coordonnée de recherche et de secours en mer pour en finir avec ces drames. Ils en ont la compétence et les moyens. Il leur manque la volonté de sauver des vies. Celle d’Hasti, 7 ans, de Mubin, 16 ans, d’Hadia, 22 ans. Celles de toutes celles et ceux que nous pleurons ce jour.
L’externalisation de la gestion de la migration aggravera encore la situation !
En parallèle du pacte européen sur l’asile et les migrations que nous négocions en ce moment, l'UE tente par tous les moyens de se décharger de ses responsabilités en coopérant avec des pays tiers. Cette logique d'externalisation des politiques d'asile qui consiste à repousser artificiellement les frontières de l'UE en dehors du continent est illégale et dangereuse. A ce jeu, l’Union européenne et les Etats membres rivalisent d’ignominie. Quand le Royaume-Uni passe des accords avec le Rwanda pour externaliser les procédures de demandes d’asile, l’UE, elle, signe un “Mémorandum d'entente sur un partenariat stratégique et global” avec la Tunisie, un régime autoritaire où violations des droits humains et violences extrêmes envers les exilé·es sont légions, pour sous-traiter les procédures de retour, dans les deux cas en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. Et tant pis, si ces pays tiers prennent quelques libertés avec les droits humains. Se décharger de sa responsabilité en matière d’asile, d’accueil et de protection des exilé·es n’a pas de prix pour l’UE et ses États membres.
Irresponsable, inhumain, indigne : ce nouveau stratagème d’un cynisme crasse doit cesser ! L’externalisation des demandes d’asile ne changera rien : les chercheur·ses de refuge continueront de prendre les routes de l’exil pour essayer de sauver leur vie, les drames humains continueront de se multiplier et l’UE et ses États membres auront toujours plus de sang sur les mains.
Un espoir émerge toutefois : celui de la justice ! Alors que le Royaume-Uni avait conclu un partenariat avec le Rwanda pour que l’examen des demandes d’asile formulées par les exilé·es soient traitées par Kigali, le 15 novembre, la Cour suprême britannique a jugé illégal cet accord puisqu’il contrevient au principe de non-refoulement.
Le 24 novembre 2023, se souvenir et résister
Le 24 novembre 2023, je me souviens et je ne dévie pas de ma ligne. Pour le respect des droits humains, pour la mémoire d’Hasti, d’Hadia, de Mubin et de leur mère Kazhall, pour les vingt-sept personnes décédées en mer le 24 novembre 2021. Pour tous·tes les autres. Nous continuons de porter leurs souvenirs et leurs voix. Nous nous battons sans relâche !
Vos histoires ne seront pas oubliées. Elles sont ici, cartographiées. Vous n’êtes pas anonymes. Vous êtes celles et ceux dont l’Europe et ses États membres ont volé le futur. Vous n’êtes pas une foule d’inconnu·es. Vous êtes chacun·e un être humain singulier avec ses rêves, ses peurs, et l'espoir d’une vie meilleure. Vous n’êtes ni illégaux·lles, ni criminel·les. Vous êtes celles et ceux que je continuerai de défendre.
# LES FAITS - Les naufrages en Manche · 385 personnes au moins sont décédées en tentant la traversée vers le Royaume-Uni, depuis 1999 · “Opal Coast” : voici le nom de l’opération de surveillance aérienne mise en place depuis décembre 2021 par Frontex. L’objectif est d’aider la France et la Belgique dans la surveillance des traversées irrégulières dans la Manche. Son efficacité ? Insuffisante. 👇 · 45 nouvelles victimes ont été recensées depuis le naufrage de novembre 2021. Chaque année, les décès à cette frontière augmentent. La réponse européenne n’est pas à la hauteur des drames qui s’y déroulent. Ce n’est pas d’une mission de surveillance par Frontex dont nous avons besoin en Manche, mais bien d’une force européenne de sauvetage. |
UPDATE - Liste des cas : Décès en mer depuis juin 2023 (19 nouveaux cas)
- Cas concrets | Refoulements
- Cas concrets | Murs aux frontières
- Cas concrets | Décès en mer
- Cas concrets | Accueil indigne partout au sein de l’UE
- Cas concrets | Externalisation & coopération avec les pays tiers
Cas concrets | Les Solidaires
Le massacre de Melilla
- États : Frontière entre l’Espagne et le Maroc (Melilla)
- Date : 24 juin 2022
- FaitsLe 24 juin 2022, des centaines d'exilé·es tentent de franchir les barrières de l’enclave espagnole de Melilla. Réprimé·es par les garde-frontières espagnols et marocains dans une violence inouïe, 37 y trouvent la mort, des centaines sont blessé·es. Un massacre.
- ActualitéUn an après, ce massacre reste impuni. Alors que des investigations de Lighthouse reports mettent en cause la responsabilité des autorités espagnoles dans ce drame, aucune enquête transparente n’est menée pour établir les responsabilités côté espagnol, européen et marocain. Pire, des exilé·es ayant survécu sont poursuivis en justice et condamné·es jusqu'à 4 ans de prison.
Les exilé·es mis en cage en Bulgarie
- États : Frontière Bulgarie / Turquie, à Srédéts
- Date : Octobre-Novembre 2022
- FaitsEn décembre 2022, Lighthouse reports révèle des conditions de détention d'exilé.e.s inhumaines : des dizaines d’hommes ont été enfermés dans une cage par les garde-frontières bulgares. Un abri informel qui, n’ayant rien d’officiel, échappe à toute opération de contrôle. Le tout, sous les yeux des agents de Frontex présents à Srédéts.
- ActualitéAprès ces révélations, de nombreux signalements ont été effectués quant à la situation aux frontières de la Bulgarie, dénonçant des traitements inhumains et dégradants et des violents refoulements illégaux. Alors que ces atrocités restent impunies, l’UE continue de négocier l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen.
Le meurtre de Fatmata par la police en Macédoine du Nord
- États : Frontière Grèce / Macédoine du Nord, près de Gevgelija
- Date : 19 avril 2023
-
- Faits
Le 19 avril 2023, Fatmata, jeune exilé·e de 23 ans, est tuée par la police en Macédoine du Nord. Elle venait de franchir la frontière depuis la Grèce, pays où elle résidait jusqu’alors avec son mari, et où sa demande d’asile venait d’être rejetée. Son mari, présent avec elle au moment du drame, a ensuite été menotté, conduit à plusieurs heures de route, détenu pendant un jour sans nouvelles de sa femme. Puis on lui a proposé d'être déposé à la frontière, pour passer en Serbie. Un nouveau drame inacceptable qui reste impuni. - ActualitéLe 24 mai 2023, au Parlement européen, 22 eurodéputés ont adressé une question à Josep Borrell, Haut Représentant et Vice-président de la Commission européenne, au sujet de la mort de Fatmata par la police de Macédoine du Nord, soulignant l'importance du respect des droits humains aux frontières de l'UE. La réponse est toujours attendue.
La preuve en image d’un refoulement par les garde-côtes grecs
- État : Grèce, à Lesbos
- Date : 19 mai 2023
- FaitsLe New York Times révèle le 19 mai 2023 des images des garde-côtes grecs en train d’enfreindre la loi, dans un reportage qui retrace de A à Z une opération de refoulement. Dans ce groupe étaient présents 12 chercheur·euses de refuge — hommes, femmes, enfants, et un nourrisson. Un cas parmi des milliers d’autres à la frontière Grèce/Turquie.
- ActualitéDans la foulée, la Commission européenne demandait une enquête indépendante suite à ce refoulement illégal par les autorités grecques. Le 26 mai 2023, elle avertit qu'elle pourrait prendre des "mesures formelles" à l'encontre du pays. À ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise, alors que la responsabilité des autorités grecques est mise en cause dans de nombreux drames, dont le naufrage du 14 juin dernier.
Les refoulements massifs par bus entre la Croatie et la Bosnie
- États : Frontière Croatie / Bosnie-Herzégovine
- Dates : 31 mars 2023
- FaitsEntre mars et avril 2023, des renvois massifs d’exilé·es en bus de la Croatie vers la Bosnie-Herzégovine ont été documentés par les organisations de défense des droits des exilé·es et la presse locale bosnienne. Les exilé·es sont acheminé·es en bus dans des “prisons souterraines” aux conditions de rétention indignes, tandis que les autorités croates essaient de leur faire payer les frais de leur détention et de leur refoulement.
- ActualitéLe 18 avril 2023, un groupe de 5 exilé·es afhan·nes a saisi le Conseil Constitutionnel croate et veut forcer la justice à ouvrir une enquête sur les pratiques de la police croate : lors d'un refoulement à la frontière avec la Bosnie, ils et elles ont été victimes de violences physiques et d'agressions sexuelles. Pour rappel, le 17 janvier 2023, la CEDH a rappelé l'incapacité de la Croatie à mener des enquêtes effectives sur les crimes commis contre les migrant·es et les réfugié·es dans deux arrêts.
Les violences et humiliations systématiques à Horgos 2
- États : Frontière Hongrie / Serbie, Horgos 2
- Dates : Août 2022
- FaitsÀ Horgos 2, la zone de passage de frontière entre la Serbie et la Hongrie, Médecins Sans Frontières vient en secours aux exilé·es, refoulé·es violemment.Coups de ceinture, de bâton, de pied, de poing, diverses formes d'humiliation, utilisation de gaz poivré et de gaz lacrymogène, enfermement dans des conteneurs avant d’être renvoyé·es : toutes ces pratiques “dissuasives” sont devenues courantes à Horgos 2.
- ActualitéAlors que ces pratiques se perpétuent en toute impunité, l’UE renforce sa coopération avec les pays des Balkans. Le 16 mars, la Commissaire européenne Ylva Johansson se rend à la frontière et se félicite même des “efforts conjoints" des États membres, de Frontex et des pays frontaliers des Balkans " dans la lutte contre la "migration illégale" vers l'UE.
La forêt de Bialowieza, cimetière d’exilé·es
- États : Frontière Pologne / Belarus, forêt de Bialowieza
- Dates : Depuis 2021
- FaitsÀ la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, depuis 2021, les ONG humanitaires ont retrouvé plus de 40 corps d’exilé·es sans vie, un bilan en dessous des décès réels à cette frontière. Alors qu’un mur a été inauguré en juin 2022 pour éviter le passage des exilé·es à travers la forêt primaire de Białowieża, les drames, eux, s’accumulent, dans l’indifférence générale.
- ActualitéLe 29 mai 2023, un groupe de chercheur·euses de refuge, avec parmi eux des femmes et des enfants, est resté bloqué à la frontière polono-bélarusse. Les activistes alertent sur les pratiques des garde-frontières polonais, qui entravent l’accès des exilé·es au territoire polonais pour les empêcher de demander l'asile.
La torture des autorités lettones
- États : Frontière Lettonie / Belarus
- Dates : 20 décembre 2022
- FaitsLe 13 octobre 2022, un rapport d’Amnesty International révèle les violences et les refoulements illégaux perpétrés par les autorités lettones à l’égard des exilé·es, y compris des mineur·es, présent·es aux frontières. Détentions arbitraires, actes de torture, décharges électriques, renvois forcés : les garde-frontières lettons bafouent les droits des exilé·es en toute impunité
- ActualitéLe 20 décembre 2022, un exilé afhgan venait de franchir la frontière entre la Biélorussie et la Lettonie. Quelques heures plus tard, il décède d’hypothermie. Un drame qui intervient seulement quelques semaines après le rapport d’Amnesty, témoignant des abus et violences subis par les exilé·es dans cette région, et la longue tradition d’impunité des responsables.
Les cadavres de Lampedusa
- États : Frontière Italie / Tunisie, Lampedusa
- Dates : 3 février 2023
- FaitsLe 3 février 2023, huit corps, dont celui d’une femme enceinte ont été découverts à bord d’une embarcation, aux abords de Lampedusa. Sur l’île italienne devenue la première porte d’entrée en Europe pour les exilé·es venant d’Afrique du Nord, les traitements inhumains et dégradants, prohibés par la loi, sont devenus courants.
- ActualitéLe 30 mars 2023, la CEDH condamne une nouvelle fois l’Italie pour ces “traitements dégradants” sur au moins 4 personnes exilées, à Lampedusa. Déjà condamnée en 2016, Rome avait dû verser 7 500€ à un exilé pour dommage moral et 4 000€ pour frais et dépens, mais continue ses pratiques illégales.
Le déni d’asile dans la région de Frioul Vénétie Julienne
- Etats : Frontière Italie/Slovénie, région de Friuli-Venezia Giulia
- Dates : Juillet 2020
- FaitsLe 24 juillet 2020, l'association italienne ASGI dénonce des pratiques illégales à la frontière entre l'Italie et la Slovénie, où un nombre croissant d’exilé·es sont refoulé·es, et volontairement éloigné·es de leur demande d’asile. Ces “réadmissions informelles" ne font l'objet d'aucune trace écrite, rendant d'autant plus difficiles la contestation de telles pratiques en justice.
- ActualitéLe 5 février 2021, des organisations de la société civile lancent une alerte sur les pratiques de refoulement de l’Italie à la frontière Slovène. Ces pratiques, condamnées par la justice italienne et notamment par la Cour de Rome, continuent pourtant de se perpétuer ailleurs sur la route des Balkans.
Briançon, le déni d’accueil de l’Etat français
- Etats : Frontière France/Italie, à Briançon
- Dates : 24 mai 2023
- FaitsLe 24 octobre 2021, les Terrasses solidaires, lieu hébergeant le Refuge solidaire, solution d’hébergement pour les exilé·es à la frontière France-Italie, doit fermer temporairement. 220 personnes sont présentes, pour une jauge fixée à 81, faute de respect par l’Etat français de ses obligations en matière d’accueil. Le 7 novembre 2021, 8 personnes doivent être transférées à l'hôpital, en état d’hypothermie.
- ActualitéLe 24 mai 2023, à Briançon, rien n’a changé. Les Terrasses solidaires, accueillant les exilé·es sont saturées : 136 chercheur·euses de refuge sont présent·es, pour 64 places. Les salariés et bénévoles au bord du burn-out, n’ont reçu aucune aide de la préfecture malgré un appel à ouvrir des centres d’hébergement d’urgence complémentaire.
À Chypre, records du nombre d'éloignements d'exilé·es en Europe, dont de nombreux refoulements illégaux
- Etats : Frontière entre Chypre, le Liban et la Turquie
- Dates : Avril 2022
- FaitsUn record pour Chypre: celui des éloignements d'exilé·es vers les pays tiers (plus de 7000 en 2022), dont des refoulements "par ricochet" vers la Syrie, via le Liban. Violences, confinement de mineur·es dans des camps, accord conclu "en secret" avec le Liban en 2020 pour faciliter les refoulements vers ce pays tout sauf sûr pour les exilé·es. Autant de pratiques illégales dénoncées par la société civile, sous le silence complice de la Commission.
- ActualitéEn mai 2023, Amnesty alertait à nouveau sur les renvois par le Liban de centaines d'exilé·es. Une affaire contre Chypre est pendante devant la Cour européenne des droits de l'homme pour faire condamner ces refoulements illégaux via le Liban. À cela s'ajoute la criminalisation croissante des associations agissant en soutien aux exilé·es à Chypre, dont l'ONG KISA, dont le statut légal a été retiré.
Malte coordonne le refoulement de 500 exilé.es vers une prison libyenne !
- Etats : Malte / Libye
- Dates : entre le 23 et le 25 mai 2023
- FaitsDès le 23 mai 2023, les autorités maltaises et italiennes sont alertées de la présence, dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise, d’un bateau transportant 500 exilé.es en détresse. Au lieu de coordonner rapidement une opération de secours, Malte décide de refouler illégalement ces personnes vers le port de Benghazi en Libye, coordonnant leur remorquage sur plus de 330 km ! Les autorités italiennes ne sont jamais intervenues. Des actes criminels et abjects, commis en toute impunité.
- ActualitéUn mois après, les responsabilités ne sont pas établies. Aucune réponse n’est apportée par les autorités maltaises et italiennes, qui avaient l’obligation d’agir et de coordonner une opération de secours. Non de coordonner, avec les garde-côtes Libyens, le renvoi illégal de 500 exilé.es vers la prison de Benghazi, où les traitements inhumains sont légion.
Malte et Frontex collaborent avec la milice libyenne Tarek bin Zayad en violation du droit international
- Etats : Malte / Libye
- Dates : 2023
- Faits Une enquête réalisée par plusieurs médias, dont Le Monde et Lighthouse Report, montre qu’à plusieurs reprises, les forces armées maltaises et l’agence européenne de garde-frontières Frontex ont livré à la milice libyenne Tareq Bin Zeyad les coordonnées GPS de bateaux cherchant à rejoindre l’Europe. Ces informations ont permis aux miliciens libyens d’intercepter les embarcations en détresse au sein même des eaux de recherche et de sauvetage maltaises, en violation complète du droit international.
- Actualité Un rapport d’Amnesty International paru en décembre 2022 dénonce les violences, les crimes relevant du droit international et autres graves atteintes à la vie humaine de Les actions de la brigade Tareq Bin Zeyad. La milice est également accusée par l’ONU de se financer par le trafic de carburant, le trafic d’exilé·es, la traite des personnes et le trafic de drogue.
Une « border force » à la frontière franco-italienne qui multiplie les renvois illégaux
- Etats : France, Italie
- Dates : Octobre 2023
- Faits Suite aux arrivées nombreuses de personnes exilées à Lampedusa mi-septembre 2023, le ministre de l’intérieur G. Darmanin annonce le déploiement une « border force » à la frontière franco-italienne, obsédé par le contrôle des frontières face aux arrivées migratoires. Depuis, les interpellations illégales et dangereuses, ainsi que les mesures d’éloignement sommaires, se sont multipliées autour de la frontière et même au-delà.
- Actualité Ces pratiques persistent, malgré la décision du 21 septembre 2023 de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), reconnaissant que la France met en place des pratiques illégales en termes de contrôles et d'enfermement aux frontières intérieures, et qu'elle est tenue de se conformer aux textes européens, ce qu’elle ne fait pas.
Calais : une ville qui s’emmure
- Etats : Frontière France-Royaume-Uni
- Dates : Septembre 2016
- SituationConstruit en 2016 aux abords de l’autoroute , le “mur de Calais” s’érige sur 4 mètres de haut et 1 km de long à la frontière entre la France et le Royaume-Uni, en complément des kilomètres de barbelés déployés depuis 2000 aux abords du port de Calais, de la gare de Calais-Fréthun, de l’entrée du tunnel sous la Manche. Grillages, pierres, opérations de déboisement sont déployés pour empêcher les passages vers le Royaume-Uni, les campements, mais aussi pour entraver l’action des solidaires venant en aide aux exilé.e.s dans la région...
La barrière de l’enclave espagnole de Ceuta
- Etats : Frontière Espagne/Maroc
- Dates : Depuis le début des années 90
- SituationDès 1993, l’Espagne érige des barrières dans ses territoires de Ceuta et Melilla, enclavés au nord du Maroc, pour tenter d’empêcher les passages d’exilé.e.s par voie terrestre.En 2001, l’Espagne construit, sur 8 kilomètres, la barrière de Ceuta. Composée d’une série de 3 clôtures hautes de 3 à 6 mètres chacune, de barbelés et de capteurs électroniques de bruit et de mouvement, cette barrière ne cesse d’être consolidée. Symboles de l’Europe forteresse, représentant un coût de construction et d’entretien de dizaines de millions d’euros, ces dispositifs rendent les tentatives de passage toujours plus dangereuses. Engageant la responsabilité de l’Espagne et de l’UE pour les milliers de drames humains recensés sur terre et en mer, à la frontière entre l’Espagne et le Maroc.
La barrière de Melilla, lieu d’un massacre abject
- Etats : Frontière Espagne/Maroc
- Dates : Depuis le début des années 90
- SituationDepuis 1993, l’Espagne ne cesse de réhausser et renforcer la barrière séparant son enclave de Melilla du territoire marocain. Aujourd’hui, une triple rangée de barrières hautes de 6 mètres s’étend sur 12 kilomètres, en complément de la barrière érigée par le Maroc en 2004. Postes de surveillance, capteurs électroniques de bruit et de mouvement, caméras thermiques : la surenchère du renforcement de la frontière entraîne une multiplication des violences et drames humains. Le 24 juin 2022, la violente répression des autorités espagnoles et marocaines entraînait la mort de dizaines d’exilé.e.s ainsi que des centaines de blessé.e.s. Ce massacre reste à ce jour impuni.
La clôture slovène : un échec humanitaire
- Etats : Frontière Slovénie/Croatie
- Dates : Depuis 2015
- SituationDepuis 2015, la Slovénie a installé plus de 200 km de clôtures barbelées à sa frontière avec la Croatie , soit sur près d’ ⅓ de la frontière commune entre ces deux États membres de l’UE. Ces murs contraignent les exilé.e.s à emprunter des itinéraires toujours plus dangereux : en décembre 2021, une enfant de 10 ans est décédée noyée dans la Dragonja, la rivière qui sépare la Croatie de la Slovénie. Dès juin 2022, le Premier ministre slovène reconnaissait que ces barbelés, loin d’être des remparts contre l’immigration, devaient être détruits pour des “raisons humanitaires”.
Une barrière à la frontière Austro-Slovène
- Etats : Frontière Autriche/Slovénie
- Dates : Depuis 2015
- SituationEn 2015, l’Autriche érige une barrière haute de quatre mètres, et sur près de 200 km, à sa frontière avec un autre pays de l’UE, la Slovénie. Il s’agit du premier cas de construction de mur entre deux pays de l’espace Schengen, au sein duquel s’applique le principe de libre circulation. L’Autriche ne cesse également de prolonger, depuis 2015, le rétablissement des contrôles à ses frontières avec la Slovénie et la Hongrie, ignorant un arrêt d’avril 2022 de la CJUE, qui rappelait que le rétablissement de tels contrôles ne peut excéder 6 mois.
La double clôture de barbelés entre la Hongrie, la Serbie et la Croatie
- Etats : Frontières entre la Serbie, la Hongrie et la Croatie
- Dates : Depuis 2015
- SituationEn septembre 2015, la Hongrie construit deux palissades métalliques avec barbelés et dispositifs de contrôle, sur 175 km, au niveau de sa frontière avec la Serbie. Cette barrière sera doublée en 2017. En parallèle, la Hongrie étend des grillages et barbelés sur plus de 100 km à sa frontière avec la Croatie, toujours dans l’objectif de bloquer le passage des exilé·es. Résultat : les passeurs s’enrichissent, la dangerosité des parcours d’exil s’aggrave, les tentatives de traversées ne diminuent pas, contrairement aux drames humains.
L’appel honteux à financer un mur par l’UE entre la Bulgarie et la Turquie
- Etats : Frontière Bulgarie/Turquie
- Dates : Depuis 2013
- SituationEntre 2013 et 2018, la Bulgarie érige une clôture de barbelés de 130 km à sa frontière avec la Turquie, au sud-est du pays. Depuis, la barrière ne cesse de s’agrandir sur les 275 km de frontière que comptent ces deux pays. En 2021, cette clôture s’accompagne d’un renforcement des contrôles avec 350 militaires bulgares envoyés à la frontière. Le 3 février 2023, le président bulgare Rumen Radev annonce qu’il souhaite voir la clôture renforcée par un mur, que l’UE financerait.
Mur en acier et clôture barbelée à la frontière Grèce/Turquie
- Etats : Frontière Grèce/Turquie
- Dates : Depuis 2012
- SituationDès 2012, à sa frontière terrestre avec la Turquie, la Grèce avait dressé une barrière d'une hauteur de 2,5 à 3 mètres. A partir de 2020, la clôture est élargie et renforcée par un nouveau mur métallique de 40 km et 5 mètres de haut, pour un coût de 63 millions d’euros. En janvier 2023, la Grèce, fière de remplir son rôle de “bouclier de l’Europe” annonce l’ajout d’un tronçon de 35 kilomètres, l'objectif final étant de murer la majeure partie des 192 km de frontière. Dans cette région, de nombreux morts et drames s’ajoutent aux pratiques de refoulements illégaux perpétrées en toute impunité, les exilé.e.s tentant, au risque de leur vie, de traverser les barbelés ou la dangereuse rivière Evros pour accéder à la demande d’asile en Grèce.
Conditions de vie indignes dans le camp d’Idoméni : conséquence de la clôture entre la Macédoine du Nord et la Grèce
- Etats : Frontière Macédoine du Nord/Grèce
- Dates : Depuis 2015
- SituationEn novembre 2015, le gouvernement macédonien entame la construction d'une clôture métallique de 2,50 mètres de haut à sa frontière avec la Grèce. Cette clôture sera doublée en 2016, dans le but de toujours plus imperméabiliser la frontière et stopper les parcours migratoires. Conséquence directe : des milliers d’exilé·es se retrouvent bloqués au niveau du village d’Idomeni. Contraints de vivre dans un camp informel, dans des conditions de vie indignes, les exilé.e.s sont plusieurs fois évacué.e.s, sans alternative de relogement. Les murs ne sont pas une solution.
L’UE se barricade au niveau de sa frontière entre la Pologne et le Belarus
- Etats : Frontière Pologne/Bélarus
- Dates : Depuis juillet 2021
- SituationEntre l’été 2021 et l’été 2022, la Pologne a érigé des barrières de barbelés et une clôture de 5,5 mètres de haut, dotée de capteurs et de détecteurs de mouvement, sur plus de 186 kilomètres de sa frontière avec le Bélarus, pour un coût estimé à 350 millions d’euros. Rien qu’au mois d’avril 2023, les équipes de Médecins Sans Frontières ont soigné plus de 20 exilé.e.s, principalement originaires de Syrie, du Kurdistan irakien et d'Afghanistan, pour des blessures contondantes, des entorses, des coupures et des fractures, conséquences directes de leur tentative de franchir ce mur. Ces blessures, violences et drames s’accumulent, tout comme les pratiques illégales de refoulements, pour lesquelles la Pologne s’est vue condamnée à plusieurs reprises par la CEDH.
La division de Chypre et de sa capitale Nicosie par un mur et des fils barbelés
- Etats : République de Chypre (partie grecque de l’île, membre de l’UE) et République de Chypre du Nord (partie turque de l’île, non reconnue par la communauté internationale)
- Dates : Dès 1974
- SituationDepuis 1974, une "ligne verte", longue de 180 kilomètres et sous contrôle des Nations Unies, sépare les communautés grecques et turques de l’'île de Chypre. Seule la République de Chypre (partie grecque), membre de l’UE depuis 2004, est reconnue par la communauté internationale, faisant de Chypre le seul Etat membre sous une occupation étrangère, et de Nicosie la seule capitale encore divisée par un mur. En 2021, à l’ouest de Nicosie, les autorités chypriotes commencent à dresser des barbelés sur une trentaine de kilomètres, pour empêcher les exilé·es d’atteindre la partie européenne de l’île. Des systèmes de vidéosurveillance sont mis en place le long de la ligne verte en 2022, alors que le gouvernement chypriote accuse la Turquie de créer une urgence migratoire sur l’île, à des fins géopolitiques.
Les frontières de l’UE avec la Russie barricadées
- Etats : Frontières de l’Estonie, la Norvège, la Finlande, la Lettonie et la Lituanie
- Dates : Depuis 2015
- FaitsAfin de “protéger leur frontière avec la Russie”, des pays comme la Norvège, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie décident de se murer derrière des kilomètres de clôtures de fil barbelés. En Estonie, une clôture barbelée, haute de 2,5 mètres, s’étend sur environ 110 km de frontière. En octobre 2021, les tensions géopolitiques entre l’UE et le Bélarus avaient conduit 12 Etats membres de l’UE à demander à la Commission européenne de financer la construction de clôtures à leurs frontières, demande jusqu’alors refusée. Depuis 2022 et l’invasion russe en Ukraine, la Finlande construit un mur de 3 mètres de haut et de plus de plus de 200 km de long au niveau de sa frontière avec la Russie.
La Lettonie mure ses frontières avec le Bélarus et la Russie
- Etats : Frontières Lettonie/Belarus/Russie
- Dates : Depuis 2015
- FaitsDepuis 2015, la Lettonie s’emploie à construire des barrières de fils barbelés à sa frontière avec la Russie, qui aboutit en 2019 sur 93 km. Fin 2021, le Parlement autorise la construction d’un mur au niveau de la frontière avec le Bélarus. 75 km sur les 173 que compte cette frontière sont aujourd’hui murés, et le gouvernement entend davantage prolonger ces barricades. En plus des graves blessures causées par les barbelés et violences subies par les exilé.e.s lors des tentatives de traversées, de nombreux cas de refoulements, détention arbitraire, traitement inhumains, refus d’accès aux procédures d’asile et décès sont dénoncés par la société civile. Ces drames humains et violations flagrantes du droit international et européen, notamment du droit d’asile et du principe de non-refoulement, imputable à un Etat membre de l’UE, se perpétuent en toute impunité.
La Lituanie se coupe du Bélarus derrière 550 kilomètres de murs
- Etats : Frontière Lituanie/Bélarus
- Dates : 2021
- FaitsDès juillet 2021, la Lituanie construit une clôture de barbelés de 4 mètres de haut, sur 550 des 700 kilomètres de sa frontière avec le Bélarus. La construction de ce mur, équipé d’un système de vidéo-surveillance, s’achève en août 2022, pour un coût de 150 millions d’€. Les exilé·es qui parviennent à fouler le territoire lituanien sont automatiquement privés de liberté, en violation totale du droit européen et du droit d’asile, comme confirmé par la CJUE en 2022, et la Cour constitutionnelle lituanienne en juin 2023. En avril 2023, le parlement lituanien a adopté une loi autorisant les pratiques de renvois forcés d’exilé·es par les garde-frontières, une loi violant donc le principe de non-refoulement.
La Finlande ferme ses frontières et accuse Moscou d’orchestrer une « crise migratoire »
- Etats : Finlande, Russie
- Dates : 23 novembre 2023
- FaitsFace à l’augmentation des entrées irrégulières sur son territoire de personnes originaires d’Irak, de Syrie ou du Yémen, la Finlande a fermé huit de ses neuf postes-frontières avec son voisin russe et a renforcé les patrouilles le long de la frontière. Dans ce renforcement des capacités, la Finlande est soutenue par l'agence européenne de garde-frontières Frontex, qui a déployé 50 fonctionnaires à la frontière finno-russe. La Finlande accuse Moscou d’orchestrer cette « crise migratoire ».
- ActualitéDepuis l’adhésion de la Finlande à l’Otan, Moscou multiplie les contre-mesures : à l’hiver 2015, la Russie avait déjà laissé passer 1700 demandeurs d’asile. Depuis, il y a eu des cyberattaques contre la Finlande, des campagnes de dénigrement dans les médias russes...
L’est de l’Europe se barricade : la Slovaquie ferme ses frontières
- Etats : Slovaquie
- Dates : Octobre-Novembre 2023
- Faits
Le nouveau gouvernement slovaque, composé de deux partis sociaux-démocrates et d'un parti nationaliste, a promis de faire de la lutte contre le trafic d'êtres humains une priorité. Pour lutter contre les personnes entrant irrégulièrement dans le pays, le gouvernement a déployé des policiers et des troupes le long de la frontière avec la Hongrie.
L’est de l’Europe se barricade : la Pologne, l'Autriche et la République tchèque renforcent leurs frontières avec la Slovaquie
- Etats : Pologne, Autriche, République tchèque
- Dates : Octobre 2023
- FaitsFace aux arrivées irrégulières croissantes sur leur sol, ces trois États ont réintroduit des contrôles à leurs frontières avec la Slovaquie en octobre. La République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie forment le groupe dit de Visegrad (V4), qui lors de l’important afflux de personnes exilées en 2015, s’était opposé au mécanisme de relocalisation proposé par l’Union européenne.
- ActualitéLes pays de l’Est de l’Europe se barricadent tour à tour face aux arrivées irrégulières de personnes exilées. Tous ces pays sont membres de l’UE et de l'espace Schengen. La réintroduction des contrôles frontaliers dans l'espace Schengen n'est autorisée que dans des circonstances exceptionnelles et doit être notifiée à Bruxelles avant sa mise en œuvre : nous nous dirigeons vers une généralisation de l’exception en violation du droit européen.
L’est de l’Europe se barricade : l’Allemagne renforce ses contrôles aux frontières avec la Pologne et la République Tchèque
- Etats : Allemagne
- Dates : Septembre 2023
- Faits Face à la hausse des demandes d’asile dans le pays, l’Allemagne a annoncé mercredi 27 septembre le renforcement de ses contrôles à la frontière avec la Pologne et la République Tchèque pour lutter contre les arrivées irrégulières. L’objectif affiché est « d'exercer une pression maximale dans la recherche des passeurs » et de « protéger les personnes qui traversent souvent clandestinement les frontières ».
- Actualité
Drame de Crotone
- Etats : Italie, au large de la ville de Crotone (Calabre)
- Dates :26 février 2023
- FaitsLe 26 février 2023, un bateau de pêche avec à son bord plus de 180 éxilé·es parti de Turquie 4 jours plus tôt, fait naufrage à quelques centaines de mètres de la côte calabrienne. 94 noyé·es dont 35 enfants. Entre le signalement de Frontex aux autorités italiennes et la tentative de sauvetage, plus de 6 heures se sont écoulées.
- ActualitéTrois mois après le drame, une enquête commune de journalistes et de Lighthouse Reports souligne la responsabilité des autorités italiennes dans cette catastrophe. Comment expliquer que malgré le signalement de Frontex, les garde-côtes italiens n’ont déclenché une opération de sauvetage que lorsqu’il était trop tard ? Un procès est en cours - l’Italie aurait sciemment violé le droit et ignoré les recommandations de la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe - un bateau d’éxilé·es est en détresse dès lors qu’il quitte son point de départ.
Naufrage dans la Manche
- Etats : Détroit du Pas-de-Calais, entre France et Royaume-uni
- Dates : 24 Novembre 2021
- FaitsDans la nuit du 23 au 24 novembre 2021, 33 personnes ont embarqué sur un bateau pneumatique de fortune pour rejoindre les côtes anglaises. Au milieu de la traversée, les passager·es ont multiplié les appels de détresse. Sans effets. Cette nuit-là, 27 exilé·es ont perdu la vie dans les eaux glaciales de la Manche parce que les autorités françaises et britanniques se sont “renvoyées la balle”.
- ActualitéL’information judiciaire en cours a révélé des extraits glaçants du ping-pong criminel entre autorités françaises et britanniques cette nuit-là : lorsqu’au terme d’un énième appel, un passager explique qu’il est littéralement “dans l’eau”, les services de secours français lui rétorquent qu’il est “dans les eaux anglaises”. Le 25 mai 2023, cinq sauveteurs maritimes français ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Un enquête est également en cours du côté britannique.
Naufrage en Mer Ionienne
- Etats : Grèce, au large du Péloponnèse
- Dates : 14 juin 2023
- FaitsUn bateau de pêche parti des côtes libyennes avec à son bord plus de 750 exilé·es a chaviré au large des côtes grecques le mercredi 14 juin. Déjà 86 corps sans vie ont été retrouvés auxquels s’ajoutent 510 personnes portées disparues. “La pire tragédie maritime de ces dernières années en Grèce” selon le HCR. Un nouveau drame qui aurait pu être évité.
- ActualitéLes circonstances entourant le drame sont à la fois floues et sinistres. Dès le 13 juin, un avion de surveillance de l’agence européenne Frontex aurait repéré l’embarcation en détresse. Le 14 juin, le naufrage aurait eu lieu en pleine intervention des garde-côtes grecs. Opération de sauvetage ou refoulement en pleine mer ? Selon les survivant·es, le bateau était tiré “en dehors de la zone de secours”. Un refoulement totalement illégal donc ! Des enquêtes sont menées en Grèce pour éclaircir les circonstances de l’un des pires drames de ces dernières années.
Les racines de la colère : Le naufrage du 3 octobre
- Etats : Italie, au large de Lampedusa
- Dates : 3 octobre 2013
- FaitsIl y a bientôt 10 ans, le 3 octobre 2013, 368 chercheur·ses de refuge perdaient la vie à moins d'un kilomètre des côtes de Lampedusa. Les exilé·es venaient majoritairement d’Erythrée et de Somalie. A l’époque, les responsables politiques s’étaient relayés sur l’île et avaient proclamé leur détermination pour qu’une telle tragédie ne se reproduise pas. En hommage aux victimes du 3 octobre 2013, les agences onusiennes (HCR, OIM et UNICEF) appellent maintenant à faire du 3 octobre la journée européenne du souvenir et de l’accueil.
- Actualité10 ans plus tard, les promesses sont restées largement vaines. Près de 27 000 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée depuis 2014. Plus de 1000 décès ont déjà été recensés en Méditerranée centrale depuis le 1er janvier 2023. Les traversées à destination de l’Europe forteresse n’ont jamais été aussi dangereuses. L’UE et ses États membres violent ouvertement leurs obligations en matière de sauvetage en mer, piétinent le droit d’asile. Les drames se succèdent, en toute impunité.
Viol du “droit à la vie” : le naufrage du 10 octobre 2013
- Etats : Italie et Libye, 113 km au Sud de Lampedusa
- Dates : 10-11 octobre 2013
- FaitsLe 10 octobre 2013, des centaines d’exilé·es embarquent sur un bateau dans le port de pêche de Zuwara. Suite à un tir en provenance d’un bateau battant pavillon berbère, de grandes quantités d’eau ont commencé à entrer dans l’embarcation. S’ensuivent des appels aux secours italiens qui, alors même qu’un bâtiment de la marine italienne était dans les parages, transmettent le signalement aux autorités maltaises car l’embarcation était située dans les eaux territoriales maltaises. Après une demande d’urgence faite par Malte, les secours italiens arrivent finalement sur place après que le bateau ait chaviré provoquant la mort de 200 personnes dont 60 enfants.
- ActualitéA la suite de cette tragédie, certains survivant·es ont poursuivi les autorités italiennes devant différents tribunaux et devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Rome n’aurait pas pris « les mesures appropriées pour sauver leurs proches, et a donc violé leur droit à la vie ». Dans une décision rendue publique en janvier 2021, le Comité a estimé que « l’action directe de l’Italie avait eu un impact direct sur la perte de centaines de vies ». L'occasion de rappeler que le devoir de secours en mer est une obligation du droit international.
Naufrages dans l’Atlantique
- Etats : Maroc, au large du Sahara occidental, en direction des Canaries
- Dates : 8-9 mai 2022
- Faits72 morts en 24h. C’est le triste bilan des 8 et 9 mai 2022 où, quelques heures après la noyade de 44 personnes au large de Cap Boujdour au Maroc, une autre embarcation chavirait au large des Canaries provoquant la mort de 28 chercheur·es de refuge.
- ActualitéLa recrudescence des départs en mai 2022 n’est pas le fruit du hasard. Elle coïncide avec une vague d’arrestations de candidat·es à l’exil au Sud du Maroc dans le cadre d’opérations destinées à éloigner les exilé·es des côtes pour décourager les départs. Ceux et celles qui échappent aux contrôles s’empressent de prendre la mer pour éviter d’être transféré·es. Ironie du sort, c’est ce genre de politiques que l’Espagne s’était engagée à soutenir quelques jours plus tôt dans le cadre d’une réunion de coopération migratoire avec le Maroc.
SOS Méditerranée menacée par les garde-côtes libyens
- Etats : Libye, dans les eaux internationales
- Dates : 25 mars 2023
- FaitsSamedi 25 mars 2023, alors que le navire Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée se dirigeait vers une embarcation d’exilé·es en difficulté dans les eaux internationales au large de la Libye, des garde-côtes libyens ont menacé l’équipe du navire humanitaire en tirant des coups de feu. Pour protéger ses équipes, l’Ocean Viking a quitté les lieux et les passager·es du bateau ont été récupéré·es par les autorités libyennes et renvoyé·es en prison.
- ActualitéAu-delà du drame que représente le retour des exilé·es en Libye, pays dans lequel les violations des droits humains sont quotidiennes, on peut légitimement se demander si le navire des garde-côtes libyens qui a menacé l’ONG humanitaire a été financé par des fonds européens. L’UE coopère en effet avec les garde-côtes libyens en leur fournissant assistance, équipements et navires dans un accord de la honte inefficace et criminel, régulièrement dénoncé par ONG et organisations internationales, et renouvelé le 20 mars 2023.
Des naufrages en hausse au large de la Tunisie
- Etats : Tunisie
- Dates : 25 mars 2023
- FaitsLe 21 février 2023, le Président tunisien Kaïs Saïed prononçait un discours contre “les hordes de migrants clandestins” qui a déclenché une vague sans précédent d’agressions racistes contre les exilé·es dans le pays. Conséquence directe pour ceux et celles qui ne peuvent et veulent pas retourner dans leur pays : la traversée de la Méditerranée s’est imposée. Des dizaines de départs et au moins 5 naufrages ont suivi qui ont déjà coûté la vie à plus d’une trentaine de personnes.
- ActualitéLes arrivées de Tunisie ont été multipliées par dix en 2023 par rapport à la même période l’année dernière. Plus de 12.000 personnes ont débarqué en Sicile depuis la Tunisie entre le 1er janvier et le 19 mars 2023. Face à cette hausse et son lot de drames humains, la coopération entre l’UE et les autorités tunisiennes s’intensifie. Le 11 juin 2023, l’UE a annoncé une aide de 100 millions d’euros à Tunis pour l’aider dans sa “lutte contre l’immigration irrégulière”. La France lui emboîte le pas le 19 juin, en promettant à Tunis 26 millions d’euros supplémentaires. Un transfert de nos obligations d’accueil et de protection en matière d’asile à la Tunisie, pays où les violations des droits humains se multiplient Un marchandage honteux de plus, portant atteinte aux droits et à la vie de milliers d’exilé·es.
Naufrages entre le Liban et Chypre
- Etats : Syrie/Liban, en direction de Chypre
- Dates : 20 septembre 2022
- FaitsPartis le 20 septembre 2022 du port de Minieh, au nord du Liban, plus de 100 candidat·es à l’exil ont perdu la vie dans le naufrage de leur bateau au large des côtes syriennes. Parmi les défunt·es figurait une majorité de personnes fuyant la Syrie en ruines mais aussi des dizaines de libanais, pays qui s’enferme dans une crise économique sans fin.
- ActualitéLa guerre en Syrie, qui a tué environ un demi-million de personnes depuis 2011 et déplacé plus de la moitié de la population syrienne, et l’effondrement économique du Liban, poussent de plus en plus de personnes à tenter la traversée vers Chypre, située à quelques centaines de kilomètres des côtes libanaises. En plus des drames humains, les pratiques illégales de refoulements vers le Liban s’accumulent dans la région. En 2020, Chypre et Liban ont d’ailleurs conclu un accord, longtemps tenu secret, pour faciliter ces renvois vers le Liban, pays tout sauf sûr pour les exilé·es.
Le cimetière de l’océan indien
- Etats : Madagascar/France, au large de l’île de Mayotte
- Dates : 1 mars 2023
- FaitsLe 11 mars 2023, 22 exilé·es ont perdu la vie dans le naufrage d’une embarcation de fortune au large des côtes malgaches. Les 47 passager·es du bateau avaient embarqué avec l’intention de rejoindre le département français ultramarin de Mayotte, situé à plus de 350 km de Madagascar. L’un des derniers exemples en date de chavirages de kwassa kwassa, petites embarcations de pêche à moteur utilisées par les passeurs, dans lesquels environ un millier de personnes perdent la vie chaque année.
- ActualitéFace à ces drames en hausse constante entre Madagascar et les Comores d’une part et l’île française de Mayotte, d’autre part, l'État français a considérablement augmenté ses moyens de « lutte contre l’immigration irrégulière » depuis 2019. Avec des résultats relatifs, mais au prix de nombreuses violations du droit international et européen, condamnées par la CEDH en 2020. Symbole de ces dérives sécuritaires, l’opération Wuambushu, lancée en avril 2023 et toujours en cours, entend intensifier les expulsions d’ étranger·es « irrégulier·es ». Les procédures de renvois expéditives et opaques, violant ouvertement les droits fondamentaux des personnes, y compris le droit d’asile, se multiplient.
Le naufrage le plus meurtrier dans la Manche depuis 2021
- Etats : France / Royaume-Uni (La Manche)
- Dates : 12 août 2023
- Faits Au moins six hommes afghans sont morts lors du naufrage d’une embarcation de fortune tentant de rallier le Royaume-Uni depuis la France. Les 59 autres personnes ont pu être secourues, mais une personne est restée portée disparue. Ce naufrage est le plus meurtrier depuis celui survenu le 24 novembre 2021 dans la Manche.
- Actualité Le 16 août 2023, quatre hommes irakiens et soudanais, ont été mis en examen puis placés en détention provisoire, soupçonnés de faire partie de la filière d’immigration clandestine ayant organisé le transport d’exilé·es.
Le corps d’une jeune femme de 24 ans retrouvé sur la plage
- Etats : France (La Manche)
- Dates : 26 septembre 2023
- Faits Une jeune femme d’origine érythréenne a été retrouvée morte sur une plage de Sangatte. Voulant monter à bord d'un canot surchargé, elle aurait été piétinée lors d’une bousculade. Elle avait 24 ans.
- Actualité Les investigations autour de ce drame ont permis de faire le lien avec une enquête en cours sur un vaste réseau de trafic d’exilé·es. Le 2 octobre 2023, 16 personnes ont été interpellées. Plusieurs d’entre elles encourent une peine de 10 ans de prison.
Le corps d’une jeune femme de 24 ans retrouvé sur la plage
- Etats : France (La Manche)
- Dates : Dimanche 8 octobre 2023
- Faits Un jeune homme érythréen de 17 ans a été retrouvé mort sur la plage de Merlimont. Il était à bord d’un bateau pneumatique avec une soixantaine d’autres chercheur·euses de refuge. Le bateau, surchargé, a chaviré et toutes les personnes à bord sont tombées à l’eau.
- Actualité Ce drame porte à 10 le nombre de personnes exilées décédées dans le nord de la France en seulement deux mois (septembre-octobre 2023). Le 30 septembre, un homme avait été retrouvé mort dans un canal à Loon-Plage, à proximité d'un campement. Le même jour, un autre exilé a été mortellement percuté par un train vers Dunkerque.
Deux exilé·es perdent la vie dans la Manche
- Etats : France (La Manche)
- Dates : 22 novembre 2023
- Faits Une embarcation a fait naufrage au large de Boulogne-sur-Mer le 22 novembre 2023. 57 personnes ont été sauvées, mais deux ont été déclarées décédées. Les personnes étaient toutes tombées à l’eau, et plusieurs étaient inanimées.
- Actualité Selon Utopia 56, au moins 18 personnes sont décédées entre août et novembre 2023, entre Calais et Dunkerque. 5 000 personnes survivent actuellement à la frontière, à la rue, dans les forêts, dans l’attente de traverser.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 37 personnes disparues
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 23 juin 2023
- Faits Moins de 10 jours après le terrible naufrage au large de la Grèce, un bateau en fer parti de Sfax (Tunisie), a chaviré au large de Lampedusa, faisant 37 disparu·es, dont 7 femmes et 1 mineur. Le canot transportait 46 exilé·es en provenance d’Afrique subsaharienne.
- Actualité La fragilité de ces embarcations de fortune, en fer, mal soudées, fait qu’elles coulent dès la première avarie. Il faut s’imaginer que l’on n’a en réalité pas connaissance de la totalité des naufrages provoqués par ce type de bateaux.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 13 corps repêchés
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 13 juillet 2023
- Faits Jeudi 13 juillet, les garde-côtes tunisiens ont repêché 13 corps d’exilé·es victimes d'un naufrage au large de la ville de Sfax.
- Actualité Les départs d’exilé·es subsaharien·es sont en hausse depuis le discours du 21 février 2023 du président tunisien Kais Saied, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ». Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien dans une rixe entre exilé·es et habitant·es, des centaines d’Africain·es noir·es ont été chassé·es de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 41 personnes décédées
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : entre le jeudi 3 et le vendredi 4 août 2023
- Faits Un petit bateau en métal avec à son bord 45 exilé·es est parti le jeudi 3 août en direction de Lampedusa. Après environ six heures de navigation, l’embarcation a chaviré. Les quatre uniques survivants n’ont été sauvés que 5 jours plus tard par un navire marchand : ils ont survécu en flottant sur des chambres à air.
- Actualité Les départs d’exilé·es subsaharien·es sont en hausse depuis le discours du 21 février 2023 du président tunisien Kais Saied, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ». Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien dans une rixe entre exilé·es et habitant·es, des centaines d’Africain·es noir·es ont été chassé·es de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : plus de 30 personnes disparues
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : Samedi 5 août 2023
- Faits Samedi 5 août, plus de 30 personnes exilées sont portées disparues après le naufrage de deux bateaux au large de l’île de Lampedusa. Les garde-côtes italiens ont pu secourir 57 survivant·es et ont retrouvé deux corps, ceux d’une femme et d’un mineur.
- Actualité Les départs d’exilé·es subsaharien·es sont en hausse depuis le discours du 21 février 2023 du président tunisien Kais Saied, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ». Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien dans une rixe entre exilé·es et habitant·es, des centaines d’Africain·es noir·es ont été chassé·es de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 11 personnes décédées et 44 portées disparues
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 6 août 2023
- Faits Le 6 août, 11 exilé·es, tou·tes originaires d’Afrique subsaharienne, sont mort·es et 44 autres sont porté·es disparu·es, après un naufrage au large des côtes tunisiennes.
- Actualité Les départs d’exilé·es subsaharien·es sont en hausse depuis le discours du 21 février 2023 du président tunisien Kais Saied, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ». Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien dans une rixe entre exilé·es et habitant·es, des centaines d’Africain·es noir·es ont été chassé·es de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 2 morts dont un bébé, 5 personnes disparues
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 12 août 2023
- Faits Une embarcation a chaviré au large de Gabès (Tunisie), à 120 mètres de la plage. L’embarcation venait de sortir de Gabès quand les occupants ont vu un chalutier qu’ils ont pris pour un bateau de la garde nationale. Ils ont alors cherché à faire demi-tour, et le bateau s’est retourné. Le bébé est resté coincé dans les filets sur le pont.
- Actualité Les départs d’exilé·es subsaharien·es sont en hausse depuis le discours du 21 février 2023 du président tunisien Kais Saied, dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ». Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien dans une rixe entre exilé·es et habitant·es, des centaines d’Africain·es noir·es ont été chassé·es de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 1 femme et 3 enfants noyés
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 12 septembre 2023
- Faits Mardi 12 septembre 2023, une embarcation a chaviré après son départ de la côte de Sfax. Une femme et trois enfants ont péri noyés dans le naufrage. 21 personnes, toutes tunisiennes, ont pu être secourues par les garde-côtes.
- Actualité De nombreux·ses Tunisien·nes tentent également la traversée, du fait de la situation économique et politique en constante détérioration.
Multiplication de naufrages entre la Tunisie et Lampedusa : 1 femme et 3 enfants noyés
- Etats : Tunisie / Italie (Méditerranée)
- Dates : 21 novembre 2023
- Faits Une enfant de 2 ans a trouvé la mort lors du naufrage d’une embarcation qui transportait une cinquantaine de personnes exilées, sur les côtes de Lampedusa. Les autorités italiennes ont secouru 40 de ces personnes, découvertes sur un récif de l’île. 8 personnes ont disparu, dont deux enfants.
- Actualité La petite île italienne est l’un des principaux points d’arrivée pour les exilé·es traversant la Méditerranée afin de rallier l’Europe. Son centre d’accueil, construit à l’origine pour environ 400 personnes, accueillait fin novembre 2023 plus du double.
Série de naufrages en mer Égée
- Etats : Au large de Lesbos, Grèce (Mer Égée)
- Dates : 28 août 2023
- Faits Cinq personnes ont péri en mer Égée (au large de Samos puis de Lesbos), lors du naufrage de deux embarcations, lundi 28 août 2023. 54 personnes ont été secourues par les garde-côtes.
- Actualité Depuis plusieurs années, des milliers d’exilé·es prennent la mer depuis la Turquie pour atteindre les îles grecques et entrer dans l’UE. Malgré les courtes distances, les courants et les mauvaises conditions météorologiques rendent la traversée dangereuse. D’autant plus que de ce côté de la frontière européenne, les pushbacks d’exilé·es sont devenu la norme.
Naufrage en mer Egée : 5 personnes décédées et 2 disparues
- Etats : Au large de la Turquie (Mer Égée)
- Dates : 13 novembre 2023
- Faits Au moins 5 personnes sont mortes noyées lundi après le naufrage de leur embarcation, au large de la province turque d’Izmir, 2 autres sont portées disparues. Six ont pu être secourues.
- Actualité Depuis plusieurs années, des milliers d’exilé·es prennent la mer depuis la Turquie pour atteindre les îles grecques et entrer dans l’UE. Malgré les courtes distances, les courants et les mauvaises conditions météorologiques rendent la traversée dangereuse. D’autant plus que de ce côté de la frontière européenne, les pushbacks d’exilé·es sont devenu la norme.
Série de naufrages en mer Egée
- Etats : Turquie / Grèce (Mer Égée)
- Dates : 15 et 17 octobre 2023
- Faits Deux personnes sont décédées lors de deux naufrages le 17 octobre (un au large de l'île de Lesbos, l'autre près des côtes de Samos). Un autre drame s’était déroulé deux jours plus tôt : trois personnes, dont une femme, sont mortes noyées.
- Actualité Depuis plusieurs années, des milliers d’exilé·es prennent la mer depuis la Turquie pour atteindre les îles grecques et entrer dans l’UE. Malgré les courtes distances, les courants et les mauvaises conditions météorologiques rendent la traversée dangereuse. D’autant plus que de ce côté de la frontière européenne, les pushbacks d’exilé·es sont devenu la norme.
Série de naufrages en mer Egée
- Etats : Turquie / Grèce (Mer Égée)
- Dates : 15 et 17 octobre 2023
- Faits Deux personnes sont décédées lors de deux naufrages le 17 octobre (un au large de l'île de Lesbos, l'autre près des côtes de Samos). Un autre drame s’était déroulé deux jours plus tôt : trois personnes, dont une femme, sont mortes noyées.
- Actualité Depuis plusieurs années, des milliers d’exilé·es prennent la mer depuis la Turquie pour atteindre les îles grecques et entrer dans l’UE. Malgré les courtes distances, les courants et les mauvaises conditions météorologiques rendent la traversée dangereuse. D’autant plus que de ce côté de la frontière européenne, les pushbacks d’exilé·es sont devenu la norme.
Treize personnes d’origine sénégalaise décèdent au large du Maroc
- Etats : Sénégal / Maroc / Espagne (Route des Canaries)
- Dates : Mi-juillet 2023
- Faits Au large du Maroc, le naufrage d’une pirogue avec à son bord 63 exilé·es d’origine sénégalaise a fait 13 mort·es.
- Actualité La route migratoire des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Union européenne dans l’océan Atlantique, est à nouveau fortement empruntée, en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée. La traversée est particulièrement dangereuse.
Quatorze personnes décédées au large du Sénégal
- Etats : Sénégal (Route des Canaries)
- Dates : 12 juillet 2023
- Faits Au moins 14 personnes sont décédées suite au naufrage d’une pirogue au large de Saint-Louis, Dakar, sur la route migratoire vers l’archipel des Canaries.
- Actualité La route migratoire des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Union européenne dans l’océan Atlantique, est à nouveau fortement empruntée, en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée. La traversée est particulièrement dangereuse.
Près de 300 exilé·es disparu·es sur la route des Canaries
- Etats : Sénégal / Espagne (Route des Canaries)
- Dates : début juillet 2023
- Faits Embarqué·es à bord de trois embarcations, près de 300 exilé·es avaient quitté le Sénégal pour tenter d’atteindre l’archipel espagnol des Canaries fin juin 2023. Elles et ils ont disparu et n’ont jamais été retrouvé·es.
- Actualité La route migratoire des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Union européenne dans l’océan Atlantique, est à nouveau fortement empruntée, en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée. La traversée est particulièrement dangereuse.
1. l'accueil indigne des exilé.es en Belgique depuis près de deux ans
- Etats : Belgique
- Faits Depuis 2021, des milliers d’exilé.es sont victimes d’un déni flagrant de leurs droits fondamentaux en Belgique. Cette situation perdure depuis trop longtemps pour être qualifiée de « crise » et les mesures annoncées en mars par le gouvernement ne répondent pas à la gravité de la situation.
Plus de 2100 demandeur·euses d’asile sont toujours contraint·es de survivre à la rue, avec de graves répercussions sur leur santé. Accès à l’hébergement, aux services médicaux, sociaux et juridiques : les services d’urgence et les ONG pallient aux manquements de l’État. - Actualité Plus de 6000 condamnations du Tribunal du travail de Bruxelles et plus de 1600 mesures provisoires de la Cour européenne des Droits de l’Homme ont déjà été prononcées contre le gouvernement belge. Le gouvernement refuse ouvertement de payer les astreintes prononcées. En mars, alarmés par la situation, quatre rapporteurs spéciaux de l'ONU ont demandé des explications au gouvernement belge.
En savoir + : Rapport interassociatif publié le 25 mai 2023
2. La politique honteuse du « zéro point de fixation » dans la région de Calais
- Etats : le long du littoral Nord-Ouest de la France
- Faits Depuis le démantèlement de la « jungle de Calais » en 2016, des milliers d’exilé.es continuent de tenter de rejoindre le Royaume-Uni.
La politique dite de « zéro point de fixation » choisie par la France, censée dissuader les exilé.es de s’établir de long du littoral, les contraint à vivre dans des conditions indignes, au sein de « campements » quasi quotidiennement démantelés, dans la violence, par les autorités.
Les infrastructures et services d’accueil et de protection sont volontairement réduits, en violation des obligations européennes et internationales de la France.
Société civile, institutions nationales, européennes, onusiennes ne cessent de dénoncer cette « maltraitance d’Etat » ainsi que la répression des des citoyen.nes et associations venant en soutien aux exilé.es en fournissant aide matérielle et alimentaire, accompagnement et de défense des droits. - Actualité Début juin 2023, le juge des référés a donné raison à plusieurs associations de soutien aux exilé.es qui réclamaient l’installation d’un point d’eau sur le campement dans le Calvados. La décision souligne que « le manque d’accès à l’eau, à l’hygiène et à des toilettes, constituait une carence des autorités publiques de nature à exposer les personnes exilées à des traitements inhumains et dégradants ». Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a demandé à la France de « renforcer les mesures visant à garantir que les enfants non accompagnés en transit, en particulier à Calais, ne soient pas soumis à des conditions de vie cruelles et dégradantes, à la destruction de leurs abris, à l'utilisation d'une force de police disproportionnée et à l'absence de mesures de protection ».
En savoir + : Rapport interassociatif publié le 25 mai 2023
3. Mayotte : règles dérogatoires, politiques d’accueil défaillantes
- Etats : France
- Faits Places d’hébergement insuffisantes, droit dérogatoire, dispositif d’accueil et d’intégration sous-dimensionné, saturation des structures d’éducation et de soins, stigmatisation des personnes d’origine étrangère : à Mayotte, comme dans beaucoup de départements d’outre-mer, la France ne respecte pas ses obligations en matière d’accueil.
La grande majorité des exilé.es, dont des mineur.es, est plongée dans des situations de précarité inhumaines : à la rue, sans moyens de garantir leur subsistance, au détriment de leur santé physique et mentale. Les difficultés d’enregistrement des demandes d’asile augmentent les risques d’interpellations et de refoulements illégaux.
En 2021, le Conseil d’État a jugé que les conditions d’accueil des demandeur.es d’asile à Mayotte n’étaient pas conformes au droit européen. - Actualité L’opération « Wuambushu » lancée en avril 2023 a aggravé la situation des exilé.es à Mayotte. En mai 2023, l’examen périodique universel de la France à l’ONU conduisait de nombreux États à exhorter la France à respecter les droits fondamentaux des exilé.es, en particulier dans les territoires d’outre-mer. En juin, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a également fait des recommandations en ce sens à la France.
4. Chypre: extrême précarité et détention pour des milliers d’exilé.es
- Etats : Chypre
- Faits L’augmentation des arrivées d’exilé.es sur l’île de Chypre a entraîné une saturation des services d’asile et d’accueil et des délais de traitement des demandes d’asile exorbitants. Un véritable calvaire pour les exilé.es, contraints de survivre dans des conditions d’une extrême précarité.
Beaucoup dorment dehors à leur sortie du camp d’enregistrement de Pournara. Faute de justificatif d’hébergement, impossible d’accéder à l’emploi. Sans allocations de subsistance, pendant des mois, voire des années de procédures, des milliers de demandeur.es d’asile font face à des stigmatisations et violences. Le recours à la détention, pour des périodes de longue durée, y compris pour les mineurs, aggrave leur situation.
En 2019, la CEDH condamnait Chypre pour détention arbitraire et traitements inhumains et dégradants, du fait de la détention d’un exilé durant 18 mois. - Actualité Entre fin 2022 et juin 2023, quelques dizaines de demandeur.es d’asile ont été relocalisés depuis Chypre vers la France et l’Allemagne. Ces actions, saluées par le gouvernement chypriote, sont bien insuffisantes pour répondre aux besoins d’accueil et de protection des exilé.es, sur un île qui a vu le nombre de demandes d’asile enregistrées augmenter de 490% depuis 2016.
5. L’enfer des hotspots : accueil indigne dans des prisons à ciel ouvert
- Etats : Grèce (Lesbos, Samos, Kos, Chios, Leros) /Italie (Lampedusa, Pozallo, Messina Taranto)
- Faits Les « hotspots » créés en Grèce et en Italie symbolisent l’échec des politiques européennes d’asile. À la fois centres d’enregistrement et lieux d’enfermement aux conditions d’accueil indignes, ces « prisons à ciel ouvert » bloquent des dizaines de milliers d’exilé.es dans des situations de non-droit : détention arbitraire, accès restreint à la politique d’asile, précarité, insalubrité.
Le centre fermé, ouvert sur l’île de Samos en 2021, financé par l’UE, ne fait pas exception. Un rapport de l’ONG I Have Rights, publié à l’occasion de la journée mondiale des réfugié.es, raconte l’enfer. Pourtant, l’approche « hotspot » est érigée en modèle de bonne pratique, à étendre à l’ensemble des frontières extérieures de l’Europe. - Actualité En avril et mai 2023, la CEDH condamnait la Grèce pour les conditions de vie inhumaines dans les camps des hotspots de Samos et Lesbos. MSF dénonçait également les conditions d’accueil désastreuses au camp de Megala Therma, à Lesbos. La Commission européenne interrogeait la Grèce sur son non-respect de ses obligations en matière d’accueil.
Zoom sur camp fermé de Samos + nouveau Moria + décision CEDH 13 juin 2023 condamne la Grèce (violation article 3) conditions inhumaines dans le camp de Moria - petite actu pour notre journée sur accueil indigne + CEDH Lampedusa
Pour écouter le podcast Migreurop sur les camps d’enfermement des îles de Kos et Leros
6. Accueillir hors du territoire : Un bateau accueillant des exilés au Royaume Uni ?
- Etats : Royaume-Uni
- Faits Au Royaume-Uni, le gouvernement multiplie les mesures et projets de loi cruels pour freiner les arrivées d’exilé·es sur le territoire britannique. Le 13 décembre 2022, alors que plus de 110 000 dossiers de demande d’asile étaient en attente d’instruction et que les exilé·es étaient dans l’attente d’une réponse depuis plus de six mois, Rishi Sunak, le Premier ministre, promettait de se pencher sur ce problème.
Si le gouvernement prévoyait jusqu’alors un hébergement temporaire aux exilé·es le temps d’étudier leur demande d’asile, il prévoit désormais de réduire les coûts dédiés au logement à l’hôtel. Pour ça, le Royaume-Uni utilise des barges à quai et des bases militaires désaffectées, et met en place une politique de non-accueil, aux conditions indignes. - Actualité Depuis le mois de mai 2023, “Bibby Stockholm”, la première barge à quai dans le port de Portland héberge environ 500 demandeur·euses d’asile, le temps d’étudier leur demande, à partir de cet été. Sur 3 étages et 200 chambres, Rishi Sunak annonçait le 5 juin 2023 la mise en place de deux nouvelles barges sur le même modèle. De cette manière, le gouvernement refuse l’accès au territoire aux demandeur·euses d’asile. Celles et ceux qui ne seront pas directement renvoyés vers un pays tiers pour y demander l'asile seront ainsi maintenus dans ces barges : une politique de non-accueil déplorable et inhumaine.
7. Hongrie : privation de liberté et refus d’accès aux procédures d’asile
- Etats : Hongrie
- Faits Depuis 2015, le gouvernement hongrois déploie une politique « anti-demandeurs d’asile » inhumaine et abjecte, en violation flagrante des obligations internationales et européennes de la Hongrie.
Jusqu’à une condamnation de la CJUE en 2020 pour pratiques de détention illégale, les exilé.es qui n’étaient pas illégalement refoulé.es vers la Serbie se retrouvaient enfermés durant des mois dans des « camps de transit » dès leur arrivée sur le sol hongrois. Des « centres d’accueil » ou plutôt des conteneurs entourés de barbelés.
Une fois ces centres fermés, un nouveau système d’asile est mis en place, celui de la demande d’asile en ambassade : impossible désormais de demander l’asile en Hongrie, en violation flagrante du droit international et européen.
Résultat, en 2022 : seulement 44 demandes d’asile déposées en Hongrie, et 4 octroi d’entrée depuis l’ambassade de Hongrie en Serbie. Alors que près de 29 000 ressortissant.es ukrainien.nes avaient obtenu une protection temporaire en Hongrie fin 2022. - Actualité Le bras de fer entre la Hongrie et la Commission européenne est toujours en cours, après l’introduction de diverses procédures en infraction et plusieurs condamnations par la CJUE. Dans une lettre de juin 2022, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l’Europe demandait à la Hongrie de mettre son régime d’asile en conformité avec ses obligations internationales et européennes, et de mettre fin au traitement différencié réservé aux éxilé.es, selon leur nationalité. Fin 2022, Médecins sans frontières s’alarmait de la poursuite de l’enfermement des exilé.es dans des conteneurs et des violences pratiquées à la frontière entre la Hongrie et la Serbie.
Finlande : le gouvernement veut retirer la gratuité des soins pour les sans-papiers
- Etats : Finlande
- Date : Août 2023
- Faits Le nouveau gouvernement finlandais, composé de plusieurs partis dont celui d’extrême-droite, veut limiter l’accès aux soins médicaux pour les exilé·e. Le premier ministre souhaite revenir sur la loi adoptée sous le précédent cabinet qui oblige les autorités locales à fournir des soins de base gratuits à tous les exilé·es, y compris aux sans-papiers. Cette proposition fait partie d'un ensemble de propositions juridiques dont l'objectif est de rendre l'immigration en Finlande moins attrayante.
- Actualité L'Association médicale finlandaise a vivement critiqué le projet du gouvernement, le qualifiant de "très problématique et nuisible". Elle affirme que cette proposition est en contradiction avec le devoir de soigner et les normes éthiques de la profession médicale.
L'Italie exige 5000 € des personnes déboutées du droit d'asile pour éviter l'envoi en centre de rétention
- Etats : Italie
- Date : Septembre 2023
- Faits Un décret paru au journal officiel italien, le 22 septembre 2023, exige aux personnes déboutées du droit d’asile de payer une “garantie financière” de 5 000€. Cette garantie est censée couvrir les frais de logement et de subsistance pour une personne pendant un mois, ainsi que le coût de son rapatriement en cas de rejet définitif de sa demande.
- Actualité Ce décret paraît quelques jours seulement après l'annonce du gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni de son intention de porter à 18 mois la durée maximale de rétention des demandeur·euses débouté·es.
Le projet de loi immigration : le texte le plus dur et attentatoire aux droits de la Ve République
- Etats : France
- Date : 2022-2023
- Faits Le projet de loi “pour une immigration contrôlée et une intégration réussie”, cheval de bataille de G. Darmanin depuis un an, porte une atteinte très grave aux droits fondamentaux des exilé·es en France, et entretient les idées fausses sur les migrations. Ce texte supprime de nombreuses garanties actuellement prévues pour protéger les droits fondamentaux des personnes étrangères et fragilise le droit au séjour (amoindrit le droit au juge, renforce les mesures d’éloignement et de détention…). Surtout, ce projet de loi accrédite l’idée, pourtant démentie par de nombreuses études, selon laquelle des conditions d’accueil « trop favorables » encourageraient l’immigration irrégulière ou l’installation durable d’étrangers sur le territoire (mythe de l’appel d’air).
- Actualité Le PJL, fortement durci par la droite lors de sa lecture au Sénat en novembre 2023, a été refusé à l’Assemblée nationale après l’adoption d’une motion de rejet le 11 décembre. Les débats se sont donc arrêtés nets, et le texte passera le 18 décembre en commission mixte paritaire pour rechercher un compromis.
L’Allemagne amorce un tournant vers une politique migratoire plus stricte
- Etats : Allemagne
- Date : 7 novembre 2023
- Faits Le chancelier Olaf Scholz et les dirigeants régionaux allemands se sont mis d'accord sur des politiques migratoires plus strictes visant à accélérer les procédures d'expulsion, à faciliter les perquisitions à domicile pour établir l'identité des exilé·es et à limiter les prestations sociales pour les demandeur·euses d'asile. Le gouvernement fédéral a également décidé d'étudier la possibilité de mener les procédures d'asile en dehors de l’UE.
- Actualité Dès le 20 octobre, Olaf Scholz avait déclaré que l’Allemagne « devait enfin procéder à des expulsions à grande échelle ». Alors que l'Allemagne avait accueilli près d’un million de migrants lors de la vague migratoire en 2015 et 2016, la population semble aujourd’hui bien plus critique vis-à-vis de la politique d’immigration du pays, qui se traduit par une hausse des intentions de vote pour l’extrême-droite.
Libye : des années de coopération aux conséquences tragiques
- Etats : Libye
- Date : Depuis 2016
- Faits Alors qu’en 2022, le Secrétaire général de l’ONU rappelait que "la Libye n'est pas un port de débarquement sûr » pour les exilé.es, l’UE et l’Italie ne cessent de renforcer, depuis 2016, leur coopération avec les autorités Libyennes.
Des centaines de millions d’euros sont dépensés pour tenter d’empêcher les exilé.es d’atteindre les côtes européennes : formations des garde-côtes libyens, financement de navires patrouilleurs, interceptions et refoulements de dizaines de milliers d’exilé.es vers les prisons libyennes, où les exilé.es sont victimes de torture, traitements inhumains et crimes contre l’humanité.
Le droit est piétiné, la responsabilité de l’UE et de ses États membres engagée du fait des atrocités et crimes contre l’humanité commis envers les exilé.es en Libye, ainsi que de l’augmentation des vies brisées lors des tentatives de traversées de la Méditerranée, qui n’ont jamais été aussi nombreuses et dangereuses. - Actualité En février 2023, le premier des cinq patrouilleurs financés par l’UE était remis aux garde-côtes libyens. En mars, l’UE renouvelait pour deux ans et à hauteur de 16 millions d’euros son soutien financier et matériel dans le cadre de l’opération controversée Irini. Quelques jours plus tard, le rapport de la mission d’enquête indépendante de l’ONU en Libye publiait un rapport soulignant que l'assistance de l'UE aux autorités libyennes aide et encourage la commission de crimes, y compris de crimes contre l'humanité.
L’accord Royaume-Uni / Rwanda
- Etats : Royaume-Uni
- Date : 2022
- Faits Le Rwanda et le Royaume-Uni ont signé le 14 avril 2022 un accord selon lequel toute personne entrée illégalement au Royaume-Uni pourra être « réinstallée » au Rwanda en échange d’un financement global de 140 million de livres et de plus de 20.000 livres par personne déportée. Pour ne pas contrevenir à l’article 33 de la Convention de Genève sur le principe de non-refoulement, ce sont toujours les services britanniques qui s’occuperont du traitement de la demande d’asile mais à 6.000km de Londres. Un premier vol de déportation avait été prévu en juin 2022 mais a été annulé in extremis par la Cour européenne des droits de l’homme. Cet accord s'inscrit dans un contexte de durcissement extrême de la politique migratoire britannique, avec la présentation de l’Illegal Migration Bill en mars 2023 qui vise à expulser tout exilé arrivé de manière dite « irrégulière ».
- Actualité Un contentieux juridique est en cours. Le 15 décembre 2022 la Cour suprême britannique a estimé que l’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda serait légal. La Cour doit maintenant statuer sur la recevabilité de possibles recours en appel qui, s’ils étaient introduits, bloqueraient toute nouvelle tentative de déportation. Au-delà des questions juridiques, le Haut-Commissariat aux réfugiés considère que cet accord est « un exemple d’externalisation de la protection internationale, et est, en tant que tel, illégal ». Cela soulève aussi de nombreuses craintes sur les risques de violation des droits des exilé·es au Rwanda, qui n’est pas prêt à accueillir ces personnes et a menacé d’utiliser les demandeur·ses d’asile dans le cadre du conflit avec la République Démocratique du Congo. Dans l’UE, le Danemark étudie lui aussi la possibilité d’un tel accord avec le Rwanda. Un pas supplémentaire dans une direction qui contrevient complètement à la lettre et à l’esprit de la Convention de Genève sur la protection des réfugié·es.
L’accord UE-Tunisie
- Etats : Tunisie
- Date : 16 juillet 2023
- Faits Le 16 juillet 2023, la Commission a signé un accord avec la Tunisie, où elle s'engage à lui fournir une aide d’environ 1 milliard d’euros, dont 105 millions pour la gestion des migrations, y compris la prévention des départs irréguliers, l'augmentation du retour des Tunisien·nes sans papiers vivant dans l'UE et la fourniture d'équipements aux garde-côtes. Contrairement à d’autres accords, celui-ci ne contient même plus de soutien à la transition démocratique. L’UE est prête à renoncer à ses valeurs les plus élémentaires au nom de « la lutte contre l’immigration illégale », aux prix de centaines de morts et de vies brisées.
- Actualité Cet accord avec la Tunisie suscite de nombreuses inquiétudes, le président Kaïs Saïed s’étant arrogé les pleins pouvoirs depuis l’été 2022 et s’attelle depuis à un démantèlement méthodique des garanties pour les droits humains et la liberté d’opinion dans le pays. Les preuves de mauvais traitements à l’encontre des personnes exilées sont nombreuses.
En septembre 2023, la Médiatrice européenne a demandé à la Commission des informations sur la façon dont celle-ci prévoit de protéger les droits humains dans le cadre de cet accord, et de réaliser une évaluation d’impact sur les droits humains avant la signature de tels accords.
Frontex en Afrique de l’Ouest
- Etats : Sénégal
- Date : 2022
- Faits Multiplier les accords pour déployer l’agence Frontex dans les pays tiers et ainsi externaliser la frontière européenne, et donc les personnes exilées, loin du continent lui-même : c’est la promesse de l’accord Frontex-Sénégal. Le 11 février 2022, la Commissaire européenne Johansson, officialise la proposition de déployer l’agence européenne de surveillance aux frontières sur les côtes sénégalaises. En contrepartie de cette « opportunité unique », des fonds pour l’aide au développement, bien sûr. Une forme de chantage néocolonial, dans un pays membre de l’espace CEDEAO censé garantir la libre circulation des personnes. Et alors même que le droit à quitter son pays est un droit fondamental garanti par le droit international.
- Actualité La Commission européenne ne discute pas seulement avec le Sénégal mais aussi avec la Mauritanie et d’autres pays africains et des Balkans, situés le long des principales routes migratoires. L’UE offre des fonds à ces pays de départ et de transit dans l’espoir qu’ils acceptent d’arrêter les demandeur·ses d’asile avant qu’ils ou elles n’atteignent l’UE. C’est problématique car cela viole à la fois les droits fondamentaux des personnes mais fait aussi peser une charge très lourde pour le développement de ces pays, alors même que plus de 85% des exilé·es dans le monde sont accueillis par des pays en développement. A ce stade, les négociations entre Commission européenne et Sénégal sur le déploiement de Frontex sont à l’arrêt, vraisemblablement jusqu’aux élections présidentielles de 2024, notamment grâce à une mobilisation civile importante au Sénégal. Les discussions avec la Mauritanie sont en revanche bien avancées.
La Turquie « garde- frontière » de l’UE depuis 2016
- Etats : Turquie
- Date : 2016
- Faits Depuis la « déclaration UE-Turquie » de mars 2016, la Turquie endosse le rôle de « garde-frontière » de l’UE. En contrepartie de plusieurs milliards d’euros, la Turquie s’engage à accueillir et protéger des milliers d’exilé.es syrien.nes en lieu et place de l’UE. Récemment renouvelée bien qu’inefficace, cette coopération entraîne de graves violations des droits fondamentaux des exilés et pousse des milliers de personnes à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour contourner les îles grecques.
En juin 2021, le gouvernement grec déclare que la Turquie est également un pays tiers sûr pour les exilé.es d'Afghanistan, de Somalie, du Pakistan et du Bangladesh. Nouvelle étape dans la course à l’externalisation des politiques européennes d’asile, en violation du droit européen et du principe de non-refoulement. - Actualité En février 2023, les premiers ministres de 8 États membres appelaient le Conseil européen à conclure davantage d’accords d’externalisation des politiques migratoires avec les pays tiers, sur le modèle de la déclaration UE-Turquie. En juin 2023, les ministres de l’intérieur des États membres proposent, dans le cadre des négociations du Pacte asile et migrations, d’élargir les possibilités de recours au concept de pays tiers sûr.
L’Italie signe un accord avec l’Albanie pour délocaliser les demandes d’asile
- Etats : Italie, Albanie
- Date : Novembre 2023
- Faits Le 6 novembre 2023, l’Italie et l’Albanie ont signé un accord afin que l’Italie puisse ouvrir en Albanie (État non membre de l’UE), deux centres pour prendre en charge les personnes demandant l’asile arrivées sur les côtes italiennes par la mer. Ces centres seraient placés sous juridiction italienne et bénéficieraient de la collaboration des forces de police albanaises pour les activités de sécurité et de surveillance.
- Actualité De nombreux politiques et personnes de la société civile se sont opposés à cet accord, dénonçant une violation du droit européen et international, et un contournement du principe de non-refoulement. Le 13 décembre 2023, la Cour constitutionnelle de Tirana a annoncé la suspension des procédures parlementaires censées valider cet accord, estimant que le texte viole la Constitution albanaise et les conventions internationales.
L’Allemagne veut accélérer les expulsions, et développer les accords avec les pays tiers
- Etats : Allemagne
- Date : Automne 2023
- Faits Le gouvernement allemand négocie avec plusieurs pays tiers, dont la Colombie, la Géorgie, le Kenya, le Kirghizstan, la Moldavie et l'Ouzbékistan, en vue d'établir des "partenariats migratoires" destinés à accélérer l'expulsion des personnes sans papiers d'Allemagne.
Un projet de loi visant à accélérer les expulsions a également été présenté par le gouvernement, augmentant la durée de détention des personnes en attente d'expulsion de 10 à 28 jours, et permettant aux forces de l'ordre de fouiller les domiciles dans le but de clarifier l'identité d'une personne. - Actualité Des protocoles d'accord ont été signés au début de l'année avec l'Ouzbékistan et le Kirghizstan, mais l'accent est mis principalement sur la Géorgie et la Moldavie, qui représentent plus de 10 % des demandes d'asile rejetées en Allemagne. annoncé la suspension des procédures parlementaires censées valider cet accord, estimant que le texte viole la Constitution albanaise et les conventions internationales.
Sauver des vies en mer : SOS Méditerranée
- Etats : Allemagne, France, Italie, Suisse
- Date : Création en 2015
- Faits Association civile européenne de sauvetage en mer, SOS Méditerranée a vocation à porter assistance en mer à toute personne en détresse, dans le respect du droit international. Elle se substitue aux immenses carences des pays européens qui bien souvent refoulent et repoussent, plutôt que secourent. En 8 ans, SOS Méditerranée a secouru 37.641 personnes avec ses navires Aquarius puis Ocean Viking, alors que dans le même temps au moins 20.000 exilé·es ont perdu la vie en Méditerranée centrale.
- Actualité Le 20 juin 2023, journée des réfugié·es marque le huitième anniversaire de SOS Méditerranée. 8 années de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, route migratoire maritime la plus meurtrière au monde. Constamment remise en cause et criminalisée par les États, l’ONG remplit cependant les missions que les États eux-mêmes devraient accomplir. Depuis le 19 juin, la plateforme des collectivités solidaires de SOS Méditerranée compte plus de 100 collectivités territoriales françaises mobilisées financièrement et humainement aux côtés de l’ONG. Une preuve que malgré les discours de rejet et manquements des gouvernements, des hommes et des femmes s’engagent sur le terrain pour plus d’humanité et de solidarité.
En septembre 2023, SOS MEDITERRANEE reçoit le prix Right Livelihood 2023 pour ses activités de sauvetage en mer.
Le navire AVENIR
- Etats : France, en collaboration avec des créateurs du monde entier
- Date : 2025
- Faits Au milieu du désastre humain en Méditerranée centrale, un projet fait figure de proue pour faciliter le secours en mer par les ONG. L’association Perou travaille depuis plus de 3 ans à la conception de l’Avenir, le premier navire spécialement conçu pour le sauvetage des personnes exilées. Plus adapté à des missions de plusieurs jours en haute mer, le navire permettra aussi de répondre aux besoins et aux traumatismes des rescapé·es une fois à bord.
- Actualité 20 millions d’euros : c’est la somme qu’il faudra pour la construction du navire Avenir financé quasi exclusivement par une levée de fonds citoyenne. L’Avenir sera affrété par SOS Méditerranée et est pensé comme le premier d'une flottille de sauvetage dans un contexte de dérèglement climatique qui va amener les migrations à se multiplier. Le premier d’une flotte contre l’indifférence.
Prodiguer les nécessités de base : Utopia 56
- Etats : France
- Date : 2016
- Faits “Et toi, qu’est-ce que tu fais pour les exilé·es ?”. C’est les mots d’un fils envers son père qui achèvent de convaincre de la nécessité de la création d’Utopia 56 en 2016. Encadrer des bénévoles qui aident à la collecte et à la distribution de dons et de repas aux personnes exilées et aider à la gestion des camps, ce sont les missions originelles que s’est donnée l’association. Face aux besoins immenses et aux situations indignes que vivent les chercheurs et chercheuses de refuge partout en France, les actions d’Utopia 56 se sont développées pour inclure des maraudes et de l'hébergement solidaire.
- Actualité L’ONG essaie, tant bien que mal, d’organiser un accueil digne des exilé·es et de pallier aux carences immenses de l'État, enfermé dans une logique sécuritaire. Constamment harcelé·es et empêché·es d’aider les personnes exilées par les autorités françaises et britanniques, les bénévoles de l’association sont pourtant de plus en plus nombreux depuis 2016. Un signe de plus qu’à rebours des discours, la solidarité est une valeur partagée par de nombreuses citoyen·nes.
Briser la spirale de dépendance: Self M.Aid
- Etats : Grèce, île de Samos
- Date : 2020
- Faits Dans le camp-prison de Samos, les demandeur·es d’asile vivent dans des conditions catastrophiques, géographiquement et socialement isolés. Durant des mois, les personnes exilées ne peuvent exercer aucune activité digne de ce nom et tous les biens et équipements de base manquent. Les ateliers Self Aid permettent aux personnes de créer et de réparer elles-mêmes les biens et équipements qui font cruellement défaut. Non seulement cela permet d’améliorer leurs conditions de vie matérielles mais cela brise le cercle de la dépendance à l’aide et la générosité fluctuante des gouvernements.
- Actualité Dans le cadre d’une stratégie de dissuasion, le gouvernement grec impose de plus en plus des frais de 100 euros dans l’enregistrement des demandes d’asile. Si les exilé·es veulent faire réévaluer leur dossier ou, si la décision est positive et qu'ils veulent recevoir leurs documents, on leur demande de payer 100 euros. Pour la grande majorité d'entre eux, c'est bien sûr impossible ! En 2022, Self M.Aid a donc lancé le projet « One for One », les personnes exilées de Samos créent des linogravures qu’elles vendent contre un don de 100 euros. De quoi financer ces frais au cas par cas et surmonter les difficultés administratives que les gouvernements imposent, en flagrante violation du droit européen.
Nourrir et réunir : Projet Armonia
- Etats : Grèce, île de Samos et Athènes
- Date : 2019
- Faits Le projet Armonia a été lancé en 2019 sur l’île grecque de Samos dans le but de répondre à un besoin urgent de nourriture. Dans le centre de réception surpeuplé de l’île, les exilé·es vivaient dans des conditions inhumaines et devaient parfois attendre plus de 6h avant de se faire servir des repas presque immangeables. Armonia a travaillé avec les chercheurs et chercheuses de refuge pour mettre en place une cuisine gratuite servant plus de 1.200 repas par jour.
- Actualité Pour fournir aux communautés déplacées, en plus de la nourriture, des moyens de prendre leurs destins en main, Armonia s’est récemment développée à Athènes où l’association a mis en place une base pour la formation et l’insertion professionnelle par la cuisine. Alors que de plus en plus de personnes arrivent en Grèce par la route terrestre et que la politique du gouvernement grec prend un tournant clairement répressif, l’action d’Armonia basée sur la solidarité et l’inclusion prend le contre-pied et pallie aux déficiences de l'État grec et de l’UE.
Assister les demandeur·es d’asile: Equal Legal Aid
- Etats : Grèce
- Date : 2020
- Faits Sans assistance juridique, les chances de succès des procédures d’asile sont très réduites. C’est en partant de ce principe qu’ELA s’est donnée pour mission de permettre aux exilé·es de prendre des décisions éclairées dans le cadre de leur demande d’asile. L’aide juridique est fournie partout où les personnes en ont besoin, de la manière la plus flexible qui soit afin de toucher le plus de monde possible. L’ONG pallie ainsi aux défaillances de l’Etat alors même que le droit grec énonce que « les demandeur·es [d’asile] doivent recevoir gratuitement des informations juridiques et procédurales concernant leur affaire ».
- Actualité En plus de fournir des conseils préliminaires et de préparer aux entretiens d’asile, ELA a dû récemment aussi aider les demandeur·es d’asile à préparer les entretiens de « recevabilité ». La Grèce impose maintenant une contrainte de recevabilité aux personnes étant passées par la Turquie, censée être un pays tiers sûr. En d’autres termes, les personnes ayant transité par la Turquie devraient présenter leur demande d’asile en Turquie: ceux et celles dont c’est le cas sont rejeté·es avant même d’avoir pu expliquer les raisons pour lesquelles ils ont fui leur pays. Un obstacle de plus dans une procédure d’asile déjà bien compliquée.
Des avocat·es pour le droit à l’asile
- Etats : France
- Date : 2023
- Faits Après Saint-Brévin les Pins, où un édile s’est vu poussé à la démission par les assauts odieux d’une extrême droite galvanisée et le silence complice de l’Etat. Après le naufrage du 14 juin, où une fois de plus des centaines de personnes ont perdu la vie. Et alors qu’est émise l’idée d’honorer ces mémoires à l’Assemblée nationale, la minute de silence a été rompue par une présidente applaudie par l’extrême droite. Face à ces valses xénophobes et racistes, des avocat·es s’engagent pour préserver les droits fondamentaux.
- Actualité Dans un communiqué commun du 21 juin 2023, trois organisations d’avocat·es proclament tout haut les valeurs de solidarité et d’humanité, que l’Etat a failli à défendre : Solidarité absolue avec les éxilé·es ayant trouvé la mort le 14 juin ; soutien indéfectible aux élu·es menacé·es alors qu’ils et elles ne font que respecter les engagements internationaux de la France ; attachement total aux principes directeurs de la Convention de Genève: droit d’asile et principe de non-refoulement au premier chef. Cet appel, c’est le cri du cœur de solidaires qui agissent face aux défaillances de l’UE et de l’Etat. Une bouée dans une mer d’indifférence.
Une lueur d’humanité : Les lumières vertes
- Etats : Pologne
- Date : 2021
- Faits Alors qu’en 2021, des milliers d’hommes, femmes et enfants se sont retrouvé·es bloqué·es à la frontière entre Bélarus et Pologne et se sont heurté·es à l’armée et aux garde-frontières polonais, bien décidés à ne pas les laisser passer, des habitant·es de la région ont allumé des lumières vertes aux fenêtres, signal indiquant aux exilé·es un lieu où de l’aide les attend. Cette initiative lancée par un habitant de la région frontalière du Bélarus a permis aux personnes de bénéficier de vivres, de vêtements chauds ou d’un abri pour la nuit.
- Actualité La Pologne multiplie les mesures anti-exilé·es. Des milliers de soldats en appui aux garde-frontières et la prochaine construction d’un mur à la frontière du Bélarus. Autant de mesures responsables de la mort d’au moins des dizaines de personnes durant l’hiver 2021 et ensuite et que les solidaires des « lumières vertes » s’efforcent d’éviter.qui agissent face aux défaillances de l’UE et de l’Etat. Une bouée dans une mer d’indifférence.
La solidarité n’est pas un crime : Mimmo Lucano
- Etats : Italie, Riace en Calabre
- Date : 1998
- Faits Le 1er juillet 1998, un bateau d’exilé·es kurdes s’échoue sur la plage de Riace. Des personnes déplacées et sans toit débarquent dans un village de toits sans habitant·es, durement frappé par la déprise rurale. A force de discussions, Mimmo Lucano a fait de Riace, le village de l’accueil. Il a sauvé des vies, créé de l’espoir et refondé une ville perdue.
- Actualité A la suite d’une chasse aux sorcières acharnée du ministre d'extrême-droite italien Matteo Salvini contre Lucano, ce dernier s’est vu infliger en septembre 2021 une peine complètement disproportionnée de treize ans de prison et 750.000 euros d’amende. Alors qu’il palliait à la démission des services publics qui s’avéraient incapables de donner assistance et protection aux exilé·es. Un appel est en cours. En tout état de cause, la postérité de Mimmo est immense : il a montré qu’accueillir et vivre ensemble est possible. Face à l’abandon des gouvernements, nous avons besoin d’un monde entier de « modèles Riace ».
Un réseau de villes pour l’accueil : l’ANVITA
- Etats : France
- Date : 2018
- Faits Face aux manquements du gouvernement français, les collectivités territoriales peuvent en partie se substituer et défendre un accueil digne des personnes exilées. C’est la raison d’être de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA) créée en 2018 et aujourd’hui composée de plus de 70 collectivités membres. Echange de bonnes pratiques pour un accueil solidaire et construction d’une stratégie de plaidoyer commune pour convaincre de la nécessité de la solidarité, voilà les missions principales que s’est fixées l’ANVITA.
- Actualité Le 15 juin 2023, l’ANVITA a publié, en collaboration avec une cinquantaine d’autres associations et gouvernements locaux, un manifeste « Pour des politiques européennes fondées sur les droits et l’accueil digne » aux institutions européennes. Ce manifeste s’appuie sur les recommandations de l’Initiative Citoyenne Européenne « Garantir un accueil digne des migrants en Europe ». Dans un contexte de réforme du Pacte Asile et Migration qui rime avec toujours plus de politiques sécuritaires, d’accords avec pays tiers et externalisation, cette initiative est une preuve de plus que des villes, des associations et des élu·es sur le terrain s’engagent pour faire changer le regard sur les migrations.
Des élu·es qui s’engagent : Saint-Brévin les Pins
- Etats : France
- Date : 2016
- Faits Suite au démantèlement de la jungle de Calais en 2016, Saint-Brévin les Pins (Loire-Atlantique) a été une des premières communes à héberger un centre d’accueil pour les exilé·es. Durant 7 ans, dans cette région à la tradition de terre d’accueil, l'intégration des personnes déplacées s’est très bien passée. En 2023, l’annonce du déménagement du centre puis la récupération politique par le parti Reconquête d’Eric Zemmour a généré une atmosphère irrespirable de tensions et de haine. Suite à des mois de harcèlement et l’incendie volontaire de son domicile, le maire de Saint-Brévin, Yannick Morez, a fini par démissionner fin mars, lâché par les services de l’Etat incapables de lui proposer une protection à la hauteur des menaces subies.
- Actualité Face à l’extrême droite à l’oeuvre, les habitant·es, élu·es et associations se sont maintes fois mobilisé·es pour montrer leur soutien au projet de centre d’accueil et en finir avec « le langage de la haine sur les migrants dans nos rues, dans nos marchés et pire encore à la sortie de nos écoles ». Suite à la démission de l’ancien maire, la nouvelle maire Dorothée Pacaud s’est engagée à ne pas céder sur le projet de déménagement du centre d’accueil pour demandeur·es d’asile. Contre une minorité criminelle, des élu·es s’engagent pour faire respecter le droit constitutionnel à l’asile.
L’intégration à la mode portugaise : Fundão
- Etats : Portugal
- Date : 2018
- Faits En juin 2018, suite au refus du gouvernement italien de recevoir dans ses ports le navire Aquarius de SOS Méditerranée, la petite ville de Fundao, au Portugal, a décidé d’accueillir 19 exilé·es en plus de la petite dizaine qu’elle logeait déjà dans un ancien séminaire catholique reconverti en centre d’accueil. La priorité est mise sur l’intégration des personnes en leur apprenant la langue portugaise et en leur donnant les moyens de travailler.
- Actualité En contraste avec les autres pays européens, le Portugal a montré de manière répétée sa détermination à accueillir des personnes exilées, en prenant sa part dans les programmes de relocalisations et en acceptant souvent le débarquement de bateaux de sauvetage rejetés partout ailleurs. A Fundao, comme à Riace, l’accueil de demandeur·es d’asile revivifie aussi des communes rurales en franc déclin depuis des décennies. Une raison de plus pour faire changer les discours et passer de la méfiance à la fierté d’accueillir des réfugié·es.
Un bénévole en grève de la faim pour sensibiliser au sort des exilé·es
- Etats : France
- Date : Novembre-décembre 2018
- Faits Bénévole dans l’association Salam, Pierre Lascoux a entamé fin novembre 2023 une grève de la faim. Une décision qu’il a prise pour pointer du doigt la suppression d’un point d’eau sur le camp de Mardyck, mais aussi une situation globale dans le Dunkerquois, qu’il décrit comme un acharnement politique.
- Actualité Selon Utopia 56, en octobre 2023 presque 800 personnes exilées survivaient sur le dunkerquois. A l’automne, les autorités ont multiplié les entraves physiques (destruction des terrains, installation de blocs de béton pour bloquer les solidaires…) ainsi que les contrôles de police aux abords du campement. Dans ces conditions, il est devenu très difficile pour les associations de s’organiser pour continuer les distributions, et pour les personnes exilées de survivre dignement.
Le projet et réseau Maldusa
- Etats : Italie (Lampedusa, Palermo et en mer)
- Date : Depuis septembre 2022
- Faits Maldusa est une association culturelle visant à faciliter la liberté de circulation, soutenir les infrastructures existantes pour la solidarité entre les exilé·es, et documenter la violence frontalière, sur terre et en mer Méditerranée. Maldusa se déploie via deux antennes à Palerme et à Lampedusa, où se rencontrent des solidaires et des exilé·es, ainsi que via une présence en mer (bateau qui vient en soutien des autres ONGs en mer).
L’enquête “Border Graves Investigation” met en lumière les disparu·es sur les routes vers l’Europe
- Etats : Europe
- Date : 2023
- Faits Une équipe internationale de huit journalistes a enquêté et confirmé l'existence de 1 015 tombes anonymes de personnes exilées sur les routes de l’Europe. Ces personnes ont été inhumées dans 65 cimetières au cours des dix dernières années en Espagne, en Italie, en Grèce, à Malte, en Pologne, en Lituanie, en France et en Croatie. Cette enquête de plusieurs mois montre que les politiques migratoires européennes ont échoué dans l’identification de plus d'un millier de personnes décédées lors de l’exil.
- Actualité En 2021, le Parlement européen a adopté une résolution reconnaissant la nécessité d'une "approche européenne coordonnée" pour des "processus d'identification rapides et efficaces" des corps retrouvés aux frontières de l'UE. Pourtant, en 2022, le Conseil de l'Europe a qualifié ce domaine de "vide législatif". De fait, la responsabilité de la commémoration des victimes non identifiées incombe souvent aux municipalités, aux gardiens de cimetières et aux solidaires locaux, et de nombreuses victimes sont enterrées sans aucune tentative d'identification.
L’enquête sur le naufrage du 14 juin 2023 récompensée par le prix européen Daphne Caruana
- Etats : Grèce, au large du Péloponnèse
- Date : 17 octobre 2023
- Faits Un consortium grec, allemand et britannique a remporté le Prix Daphne Caruana Galizia 2023 pour son enquête sur le naufrage de l’Adriana, qui a fait plus de 600 morts au large de la Grèce.
L’enquête, menée par le média d’investigation grec Solomon, en collaboration avec Forensis, la chaîne publique allemande StrgF/ARD et le quotidien britannique The Guardian, a révélé que les actes des garde-côtes grecs avaient entraîné la submersion du bateau qui transportait des exilé·es. L’enquête a également mis en lumière les incohérences que présentent les déclarations officielles des autorités grecques. Il s’agit de l’un des naufrages les plus meurtriers de ces dernières années.