Ne vous en déplaise, Monsieur le Président, la solidarité est dans notre ADN !
La France d’Emmanuel Macron verse dans l’infamie : ce qui se joue depuis ce week-end, de part et d’autre de notre pays, l’illustre tristement. Retour sur les jours sombres qui viennent de s’écouler et décryptage du décalage qui existe entre le rejet que les dirigeants cultivent et la fraternité dont fait preuve la société civile
1.CALAIS, lundi 11 octobre
En l’église Saint-Pierre de Calais, le père Philippe Demeestère, prêtre jésuite et aumônier du Secours catholique de 72 ans, entame avec Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, un couple de Calaisiens militants associatifs, une grève de la faim en soutien aux réfugié·e·s. Tous les trois ont atteint les limites de leur seuil de tolérance : ils ne supportent plus le sort que les dirigeants actuels de notre pays réservent aux personnes en exil. Au micro de France Info, le père Demeestère explique ainsi :
La grève de la faim vient redire à toutes les intelligences qui se sont ankylosées, assoupies, ce qui se passe en France. En 2021, dans une démocratie, c’est inacceptable. Il y a quelque chose qui rompt la fraternité humaine. Et en tant que citoyen français, j’ai honte.
Ce que demandent les trois solidaires grévistes de la faim : « la suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements durant la trêve hivernale qui doit démarrer le 1er novembre, l’arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées et l’ouverture d’un dialogue citoyen raisonné entre autorités publiques et associations non mandatées par l’État, portant sur l’ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées »
Nous sommes une armée de cœurs, conscients de l’intolérable comportement de l’État : la puissance publique ne peut se conduire de la sorte. Nous refusons d’être complices ! La solidarité est dans notre ADN, elle est intégrée à notre condition… Humaine.
2. BRIANÇON, samedi 23 octobre
Voir l’action que j’ai initiée et menée tout au long de l’hiver dernier, avec mes collègues parlementaires écologistes, aux côtés des Solidaires :
Samedi, donc, les Terrasses Solidaires sont inaugurées.
Le lendemain ? Le lendemain… Dimanche… Les Terrasses Solidaires annoncent qu’elles ferment leurs portes temporairement. Il y a trop de monde. Il s’agit d’une décision responsable, prise pour éviter un drame, pour ne pas compromettre l’avenir du site (dont la capacité d’accueil est de 80 personnes), pour ne pas mettre, enfin, délibérément en danger les personnes présentes.
Malgré l’urgence, la nuit de dimanche à lundi est calme : les personnes réfugiées ont rejoint la gare de Briançon dans l’attente d’un départ possible vers d’autres villes de France. Les bénévoles ont poursuivi leur mission de soutien et d’hospitalité : ils ont distribué les couvertures et assuré les repas chauds.
Lundi 27 octobre : Les pouvoirs publics suspendent la possibilité de réaliser les tests antigéniques indispensables à la continuité du parcours des personnes en exil. Les guichets de la gare sont également fermés : il devient alors, de fait, impossible pour les exilé·e·s d’acheter des titres de transport.
Je demande : à quoi jouent nos gouvernants ?
Ils sabotent la solidarité.
Ils tentent de la torpiller.
Ils utilisent la détresse humaine pour parvenir à leurs fins électorales.
Ils n’ont rien compris.
Attiser la haine, c’est contraire à notre constitution… humaine.
Cela fait des mois que la situation dégénère : la rhétorique utilisée, les actes, les refoulements, la brutalité, le rejet … l’autre serait un danger, l’étranger serait une menace, l’exilé serait la source de tous nos problèmes.
ça suffit !
Lorsque dans un communiqué de presse, la Préfecture des Hautes-Alpes étrille la solidarité en insinuant que les Terrasses Solidaires ont « provoqué une augmentation des flux dépassant largement les capacités de l’association », le mensonge bat son plein. C’est faux ! L’appel d’air n’existe pas. C’est une fable créée de toute pièce pour attiser les peurs : je le sais pour l’avoir vécu à Grande-Synthe, lorsque j’étais Maire et que j’ai pris la décision de mettre à l’abri les chercheur·se·s de refuge qui jusque-là dormaient dans la boue, abandonné·e·s par l’État.
Respecter les droits humains ne provoque aucun appel d’air.
Refuser que les vies soient trainées dans la boue ne provoque aucun appel d’air.
Mardi 28 octobre, l’État a finalement organisé des transports en bus et un hébergement d’urgence à Lyon. Les élu·e·s accueillant·e·s des villes et métropole de Lyon, de Villeurbanne et de Grenoble, ainsi que des bénévoles et Médecins du Monde étaient sur place : jusqu’au bout ils ont assuré leur rôle de sentinelle de l’humanité.
Ce qu’il me semble primordial de dire, et redire, et partager le plus possible :
Aucun barbelé n’empêchera jamais un être humain de mettre un pied devant l’autre, de chercher la brèche qui lui permettra de survivre. Personne ne s’exile par plaisir !
Militariser à outrance les frontières ne sert strictement à rien. Montrer les muscles et les dents non plus.
Ce n’est qu’un écran de fumée destiné à saboter la fraternité pour assouvir des ambitions électorales peu glorieuses.
Soyons dignes.
Battons-nous pour la solidarité.
Elle est dans notre ADN.
Sans les autres, nous ne sommes pas.